La Fédération des coopératives laitières s'inquiète de l'état du marché européen, incapable d'absorber l'abondance de production laitière.
À l'occasion d'une conférence de presse à Paris, le 17 février, la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) n'a pas caché son inquiétude face au contexte laitier européen. En 2015, la collecte laitière a progressé de 2,1 %. « À l'intérieur de l'Europe, les situations sont disparates, assure Dominique Chargé, le président. La France et l'Allemagne ont plutôt stabilisé leur collecte, tandis que l'Irlande, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni et le Danemark ont augmenté leur production. » En décembre, les Pays-Bas ont collecté 16,8 % de plus qu'à la même période en 2014, et l'Irlande, en novembre, 48 % de plus.
À ce bond des volumes s'ajoute la fermeture du débouché russe. Conséquence : les stocks sont au plus haut et les cotations reculent. « La situation est préoccupante, martèle-t-il. Il y a 18 mois, avant l'embargo russe et le retrait de la Chine des marchés d'importation, la poudre de lait 0 % se valorisait à 3 000 €/tonne. Son prix a été divisé par deux, engendrant pour les acteurs français une perte de la valorisation du couple beurre/poudre d'environ 80 €/1000 l. Sur une parité intervention, dans le commerce de produits de commodité que sont le beurre et la poudre, le niveau de valorisation équivalent 1000 l est autour de 230 €/1000 l, et, en 2015, la France a payé les producteurs en moyenne 309 €/1000 l. « Ça n'est pas notre seul marché, mais, à ce niveau-là, la situation pour les acteurs français est intenable. Nous avons besoin de mesures de régulation. »
Dominique Chargé rappelle également qu'entre les pays, les écarts de compétitivité continuent de se creuser. « Il y a 27 € de différence entre l'Allemagne et la France, calcule-t-il. Aujourd'hui, tout un pan du marché européen est indexé sur le prix pratiqué en Europe du Nord, dont le niveau de rémunération des producteurs est entre 270 et 280 €/1000 l. Cela pose problème pour notre compétitivité et le niveau des appels d'offres européens. Sans compter le niveau de valorisation de la restauration hors domicile, entre 260 et 280 €/1000 l. » Négociations commerciales sous tension
Selon la FNCL, les négociations commerciales avec les moyennes et grandes surfaces (GMS) se font dans une ambiance délétère. « Nous sommes dans un climat de tension jamais atteint, assure Dominque Chargé. Les demandes de déflation peuvent aller jusqu'à 8 %. Nous avons des menaces claires de déréférencement si nous n'obtempérons pas à ces demandes de déflation ou de compensations de marges. C'est une situation grave qui ne peut être ressentie que comme de la provocation au regard de la situation aujourd'hui dans le monde de l'élevage, et notamment pour les associés coopérateurs. »
Hélène Chaligne
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