Emmanuel Macron et Stéphane Le Foll veulent revoir les modalités de contractualisation. Ils attendent les propositions de la filière début mars. Une révision de la LME est à l'étude.
Alors que Stéphane Le Foll bataillait ce lundi pour convaincre Bruxelles de trouver des solutions face à la crise dans les secteurs du lait et de la viande porcine, les agriculteurs ne relâchent pas la pression sur le terrain. A quinze jours de la fin des négociations commerciales pour 2016, les actions à l'encontre de la grande distribution se sont étendues à toute la France. Les producteurs ont bloqué les plateformes logistiques de plusieurs enseignes dans l'Ain et dans l'Allier, et les Bretons ont promis un « lundi noir » autour de Vannes.
L'énième table ronde du vendredi 12 février, qui a réuni les représentants agricoles, les industriels et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), se voulait pourtant un signe d'apaisement. Et une preuve des efforts du gouvernement pour lutter contre les dérives de la guerre des prix.
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a indiqué à cette occasion que les contrôles de la DGCCRF (direction de la concurrence et de la répression des fraudes) ont progressé de 70 % par rapport aux négociations de 2015. Une perquisition pour pratiques illégales a même été réalisée dans les locaux de Carrefour France, à Massy, le 9 février (le ministre n'a pas voulu citer l'enseigne concernée, c'est l'enseigne elle-même qui a confirmé l'information ce week-end). Un fait inédit en pleines discussions tarifaires.
Audit sur la LME
Pour venir à bout des tensions dans la filière, Emmanuel Marcon et Stéphane Le Foll lancent un audit sur l'efficacité de la loi de modernisation de l'économie (LME), qui encadre les discussions entre les distributeurs et leurs fournisseurs. Ils ont demandé à ces derniers de plancher sur une révision des critères de fixation des prix et une modernisation du cadre des négociations.
« Nous attendons leurs propositions pour la première quinzaine de mars », ont-ils indiqué. S'ils rendent copie blanche ? « Nous ne nous interdisons pas de modifier la loi pour avoir une plus grande transparence dans les relations commerciales », ont menacé les ministres. Stéphane Le Foll suggère par exemple d'indiquer dans les contrats relevant de la LME, l'impact sur le prix payé au producteur. Une mesure qui pourrait être intégrée au grand ensemble de la loi « Sapin 2 », attendue en Conseil des ministres le 23 mars.
« Je crois qu'il faut revoir les lois qui régissent les rapports entre les industries et les commerces pour qu'elles soient plus protectrices du secteur agricole », a réagi lundi matin Serge Papin, PDG de Système U, sur l'antenne d'Europe 1. Ce dernier milite pour des accords tripartites, « c'est-à-dire qu'au moment de la signature des contrats pour les trois matières premières : lait, boeuf et porc, il y ait un accord à trois et non à deux ». Des initiatives de ce type commencent à se mettre en place mais souvent à très petite échelle, et « nous sommes encore loin du consensus sur le sujet », tempère Stéphane Le Foll.
Les témoignages de bonne volonté ne devraient pas calmer la colère des agriculteurs d'ici la fin des négociations commerciales, le 29 février. L'ambiance au Salon de l'agriculture, qui ouvrira ses portes le 27, en sera d'autant plus tendue…
A.Ca.
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