Plus personne ne peut ignorer que la demande mondiale en produits laitiers est soutenue et devrait durer. Restait à intégrer l'idée que dans ce contexte, la fin des quotas laitiers n'est pas une menace, bien au contraire, puisqu'elle ouvre des perspectives à la production française. Les éleveurs laitiers de Loire-
Atlantique ont visiblement franchi ce cap. Le niveau des débats lors de la journée laitière de la chambre d'agriculture le 18février l'atteste.
Les jeunes notamment ont déjà, pour certains, une réflexion assez aboutie sur leurs propres pistes d'évolution. Ils ont compris que la fin des quotas, et de leur gestion administrée, leur laisse un champ de liberté bien plus large. Loin d'afficher des objectifs de développement à tout prix, ils s'interrogent sur les bienfaits que la croissance peut leur apporter. La question de la main-d'oeuvre et de l'organisation du travail est posée. Et les jeunes semblent prêts à embaucher des salariés, tout en sachant qu'ils devront investir du temps et de l'argent dans la formation. Mais surtout, la rentabilité de la production est au coeur des enjeux, en particulier pour ceux qui investissent. Produire plus, pourquoi pas? Mais avec quel bénéfice? Comment sécuriser le revenu quand on investit?
Les principales laiteries du département ont présenté leur stratégie dans le cadre d'une table ronde. Sans grand détail bien sûr, mais avec une certaine envie de séduire. Car le risque de manquer de lait un jour,
s'il n'empêche pas les industriels de dormir, est entré dans toutes les têtes. Les entreprises doivent donc être plus claires sur leurs ambitions.
Patrice Guilloux, directeur adjoint des approvisionnements chez Lactalis, affiche la volonté de conquête des marchés en développement, mais en prenant soin de ne pas la lier aux exportations à partir de la France. La laiterie Saint-Père, qui a la particularité d'appartenir à Intermarché, ne cache pas son besoin d'acheter davantage de lait à l'avenir. Les coopératives Eurial et Terrena s'inscrivent dans un développement dicté par leurs administrateurs. Oui à la croissance et à l'investissement, mais en gardant la tête froide. Dans un environnement qui présente des risques, chacun doit prendre ses responsabilités.
À l'avenir, l'éleveur aura intérêt à choisir sa laiterie
Les dés sont jetés. Les éleveurs savent que leur avenir dépend en partie de la stratégie de leur collecteur. Et les laiteries se déterminent sur la base de leur analyse d'un marché plus porteur, mais aussi plus volatil et donc plus risqué que par le passé. Mais les éleveurs peuvent aussi, plus qu'avant, définir leur projet en fonction de leurs propres aspirations. Et l'on pressent que les mouvements vont reprendre. Un jeune éleveur interpelle sa laiterie Lactalis: «Pourquoi continuerai-je à travailler avec vous si d'autres m'offrent plus de perspectives?»
Une illustration du visage futur de la filière: des éleveurs chefs d'entreprises qui considèrent leur laiterie comme un partenaire à choisir soigneusement.n
Pascale Le Cann
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