
Un beau pays, c'est sûr, mais qu'est-ce qu'on est c.. !
Des Gaulois râleurs et querelleurs pleins d'idées mais incohérents. Tiens, déjà en 52 av. J.-C., si Jules nous a battus à Alésia, c'est que Vercingétorix n'a pas réussi à fédérer les différentes tribus et que les renforts prévus ne sont pas arrivés. Et depuis, ça dure... Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, nous avait promis : « Avec la LMA, la contractualisation et les OP, tout ira mieux. » On attend encore... Nos voisins rigolent : « Alors que vous avez mis en place une usine à gaz, vous avez besoin d'un médiateur pour obtenir péniblement 25 €. »Cet été, une fois la saisonnalité enlevée, le prix de notre lait est bien en dessous de celui de nos voisins. Les OP Lactalis ont beau squatter le rond-point du siège social à Laval, le groupe persiste à ne pas suivre les cours et s'en tient aux 25 € préconisés par le médiateur. Pendant ce temps, il achète le lait italien plus de 400 €. Les manifestants Lactalis ont été menacés de non-collecte par le groupe. Au pays de la liberté, ils ont signé un contrat qui stipule que l'on ne peut pas porter atteinte à l'image de la marque ni interrompre les livraisons sous peine de rupture de contrat !
La saisonnalité nous embrouille aussi car, au printemps, elle était négative et creusait l'écart avec les autres pays. Maintenant qu'elle est positive, on a l'impression de rattraper le retard mais c'est faux. Notre système lisse et atténue les écarts, à la hausse comme à la baisse. Malheureusement, nous ne bénéficierons pas du pic et dès que les cours redescendront, les centrales d'achat sauront dire à nos industriels qu'elles trouvent moins cher dans les pays voisins. Les grandes coops du nord de l'Europe, elles, suivent l'envolée des cours et rétribuent leurs adhérents. Pendant ce temps, en France, certaines en grandes difficultés s'associent au privé. Elles entrent au capital et deviennent actionnaires minoritaires. Les anciens fondateurs vont se retourner dans leurs tombes. Car, comment expliquer que les parts sociales deviennent des actions ? Comment les représentants de la coop, qui siègent au Conseil d'administration du groupe privé, vont-ils défendre leurs adhérents face à des partenaires plus enclins à valoriser leurs actions qu'à payer les producteurs ?
Pourquoi, lorsqu'on n'a pas signé de contrat, doit-on obéir aux dictats de sa laiterie alors que nous sommes sous le régime des quotas pour encore dix-huit mois ? Où est la libre concurrence ? Essayez de changer de laiterie, vous allez voir... Mais que font les OP ? Entre celles en cours de constitution, celles qui n'ont aucun pouvoir, et celles qui négocient des rallonges que l'industriel accorde aimablement parce qu'il en a besoin, ce n'est pas ce qu'on en attendait. Au moment où les marchés sont plus que porteurs et les producteurs plutôt en position de force, notre lait est le moins payé. Il y a comme un malaise.
Au début de l'année, la DGPAAT (Direction générale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires) a réuni les acteurs de la filière du lait pour réfléchir à une sortie des quotas autre que celle programmée par Bruxelles. Les industriels n'ont pas daigné venir, préférant compter les points du haut de leurs tours... de séchage. Les syndicats minoritaires ont proposé un système de prix du lait indexé sur le coût de production, entraînant une diminution de la production quand les prix s'effondrent et une hausse quand ils montent. L'idée a été refusée par le syndicat majoritaire au motif que c'était trop compliqué. C'est pourtant ce que les États-Unis (pays ultralibéral) explorent pour gérer les volumes de lait. La grand-mère d'un voisin disait : « Il faut être bon, mais pas bonbon, sinon on se fait sucer ! »
PASCAL POMMEREUL
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