
Mon opinion n’engage que moi mais, en général, je suis plutôt pour.
I l m’arrive toutefois de ne pas être d’accord avec moi-même mais ça ne mérite pas un passage chez le psy. D’ailleurs, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain, après de nouvelles grandes découvertes. Avoir un avis péremptoire n’est souvent qu’un manque de lucidité et d’imagination. Comme beaucoup, je sais mais je n’ai pas envie de croire ce que je sais. Exemple : le réchauffement climatique. C’est avéré scientifiquement et nous en voyons les effets dans notre métier. Il n’y a que les climatosceptiques qui font l’autruche. Eh bien moi, je n’ai pas envie d’y croire car cela bouscule trop mon petit confort et mes certitudes. Le philosophe Emmanuel Kant a dit : « On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter. » L’incertitude permet de développer sa curiosité et sa réflexion. Même s’il faut se faire violence pour l’admettre, nous devons changer nos méthodes de travail, faire évoluer nos techniques, nos modes de vie. Nos grands-parents et parents l’ont fait : au sortir de la guerre, il a fallu inventer une nouvelle agriculture.
Le problème aujourd’hui, c’est que le citoyen veut nous imposer un modèle. Et quand je dis le citoyen, j’englobe nombre d’hurluberlus, intégristes et affairistes. Tiens, au hasard, Xavier Niel, PDG de Free et signataire du RIP contre la maltraitance animale, a investi – via son fonds Kima Ventures – dans la start-up 77 Foods, qui fabrique du bacon végétal. La cause animale est certes noble... mais aussi financièrement très juteuse. La grande mode chez nos politiques est de donner la parole au peuple dans un vaste élan de démocratie participative. Se débarrasser plutôt de la patate chaude ? Nous avons ainsi eu la consultation pour la loi Égalim, dont Serge Papin nous dit que c’est un succès pour le lait. Elle conduit aujourd’hui certaines laiteries à ne pas respecter les contrats signés ; et le prix est dérisoire. Puis la consultation pour le climat, qui a abouti à 150 propositions acceptées par le chef de l’État et déjà battues en brèche par la crise. Là, celle sur l’orientation de l’agriculture va permettre à des citoyens qui n’y connaissent rien de s’exprimer. On va tout droit vers une agriculture sans engrais, pesticides, robotisation. On ne tuera plus les animaux. On reviendra à la traction animale. Les habitants des villes retourneront à la terre cultiver en permaculture. Bref, le monde amish, comme dirait notre président.
Puisqu’on ne me le demande pas, je vais donner mon avis sur le Commissariat à l’énergie atomique, sur la peinture marine flamande du XVIIe siècle. Je trouverai bien quelque chose à dire. Nos télés nous abreuvent de spécialistes se contredisant sur le Covid-19 et la gestion des urgences, il n’y a pas de raisons que je ne glisse pas mes préconisations. Trump a bien proposé d’injecter de l’eau de Javel aux malades. J’ai bien aussi un avis sur nos politiques et certains fonctionnaires mais je me le garde au chaud. À mon avis, comptons d’abord sur notre intelligence collective pour trouver des solutions à nos problèmes.
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