Oui, il faut appliquer les lois. Mais de manière équitable et… pour tout le monde.
Mon voisin, qui stockait du lisier mou dans une parcelle, a vu les contrôleurs transférer son dossier à la police de l’eau : amende de cinquième catégorie (650 €). En cas de défaut de paiement, c’est le tribunal et l’inscription sur son casier judiciaire.
Marcel a traité des chardons au pulvérisateur à dos dans sa bande enherbée avec un produit inapproprié. Condamné par le tribunal à suivre deux jours de formation payante. Pierre n’a pas déclaré ses mouvements d’animaux dans les temps : amende prélevée sur l’obole de Bruxelles.
Un autre n’a pas semé de couvert après la récolte de maïs 2016. Négligence, pas le temps, oubli, ras-le-bol… Toujours est-il qu’il s’est fait rattraper par la patrouille. Tribunal, amende (environ 900 €), motif de la condamnation : « violence à la nature ». Violence à la personne, je connais, mais à la nature ?
Les DDE abandonnent des milliers d’hectares aux chardons et à l’ambroisie sans que cela ne gêne personne, sauf les agriculteurs. La société bétonne d’immenses surfaces pour les autoroutes, les zones commerciales, les lotissements en dépit de toute logique sans que cela n’émeuve les tribunaux. Dans le cadre d’un projet touristique, un entrepreneur a vidé l’étang du château. De la vase s’est échappée dans la rivière en aval. Il a curé à la pelleteuse cette rivière à truites sur 200 m, la transformant en canal vide de tout poisson : « violence à la nature ? » La police de l’eau est venue avant, pendant et après les travaux, mais n’a bizarrement rien trouvé à redire. La société de pêche a tenté une action, vite étouffée. Par contre, dans ma région, un ruisseau ne peut pas être recreusé mécaniquement ou busé partiellement sans que l’on voie débarquer la police de l’eau avec le pétard à la ceinture.
Le ministère édicte des lois mais ne se gêne pas pour verser les aides avec tellement de retard que c’est « violence à nos entreprises ». Les industries agroalimentaires et les centrales d’achat imposent des conditions et des prix qui ne permettent pas de vivre décemment de notre métier. Là aussi, c’est « violence à nos familles ». Quelquefois, elles sont condamnées pour entente illicite.
Les hommes sont-ils violents par nature ou à cause de la vie sociale et économique ? La nature sera-t-elle violente à notre égard s’il ne pleut pas ? Vaste problème qui mériterait un sujet au bac. Une violence ne peut en excuser une autre. Il est plus facile de condamner les petits contrevenants que de contraindre Besnier à publier ses comptes qui, de toute façon, seront pipeautés. Il est logique d’appliquer les lois, mais pour tout le monde et de manière impartiale.
La plus grande « violence à la nature » n’est-elle pas la disparition de l’élevage et des paysans en général ? On sait pertinemment que plus les fermes grossissent, plus elles s’orientent vers les cultures au détriment de la diversité, de la dynamique rurale et donc de la nature.
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