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on voisin arrête le lait avec un quota de 700 000 l. C'est le cinquième dans le canton. » De telles réflexions font du bruit dans les campagnes de l'Ouest depuis quelques mois. Le premier bassin laitier français serait-il en train de se décourager alors que la bride des quotas se relâche ?
À l'approche d'un bouleversement, il est logique que chacun se positionne. Ceux qui se remarquent le plus ne sont pas forcément les plus nombreux. En témoignent les demandes de TSST qui seront loin d'être satisfaites cette année. Les dossiers éligibles sont près de dix mille et se partageront à peine 60 Ml quand ils en voulaient presque cinq fois plus. Une enquête, réalisée par Ellyps (OCL d'Ille-et-Vilaine), montre que dans le premier département laitier français, 84 % des éleveurs sont prêts à produire plus de lait dont les deux tiers sans investir.
Des livraisons en hausse depuis dix ans
Depuis 2000, les livraisons bretonnes ont gagné 8 % avec une réduction du cheptel de 10 % et une perte d'un tiers des UTA. Agreste montre aussi que le potentiel de renouvellement laitier est bon dans la région avec 139 JA pour 100 producteurs de plus de 55 ans. D'autres facteurs semblent moins favorables. En Bretagne, la sole céréalière progresse au détriment des fourrages. Lors du rapprochement de Coralis avec Agrial et Eurial, les responsables des coopératives se sont interrogés sur la volonté des éleveurs de s'inscrire dans cette dynamique d'expansion. Sur le terrain, les laiteries constatent aussi des cessations d'un nouveau type, mais sans impact sur leur collecte. « Les comportements sont moins homogènes qu'avant, analyse Patrick Wecxsteen, responsable de la collecte de Sodiaal en Bretagne. Certains se découragent ou se réorientent, même avec de gros quotas, ce qui est nouveau. Mais d'autres ont envie de produire. »
Même constat chez Terrena en Pays de la Loire. Pierre Demerlé souligne la reprise de la collecte fin septembre. « Nous sommes sur un rythme supérieur à 2012 et même à 2011. » Mais il voit aussi que beaucoup s'interrogent. « Les éleveurs ont besoin d'un message clair de la part de laiteries pour élaborer leurs stratégies. » Or, la filière française reste dans le flou, ce qui n'incite pas les éleveurs à agir. Il estime que si les producteurs et les industriels travaillent ensemble, le dynamisme de la production de l'Ouest s'exprimera.
Il semble donc que face au mouvement réel de hausse des arrêts de production laitière, se trouvent d'autres éleveurs qui n'attendent que des ouvertures pour se développer. Sans doute sont-ils plus discrets, mais leur présence se traduit par l'augmentation des ventes de robots. Ou encore par celle des demandes de financement auprès des banques.
Une étude prospective, réalisée par les chambres d'agriculture de Bretagne, a montré les facteurs limitants de la production que sont la volonté des éleveurs pour se développer, la disponibilité en main-d'oeuvre et la capacité des entreprises à transformer le lait. Une explosion de la collecte est donc peu probable. Les livraisons resteront aussi liées à la rentabilité. Mais les arrêts des uns seront très probablement compensés par l'expansion des autres.
PASCALE LE CANN
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