La Direction générale de l'agriculture proposera-t-elle d'aller au-delà des mesures de soutien du marché (intervention et stockage privé) déjà revues dans le « paquet lait » pour être plus réactives et flexibles dans l'après-quotas ? Proposera-t-elle la mise en place d'outils nouveaux pour éviter les crises ? Difficile de répondre après la conférence européenne, organisée le 24 septembre par Dacian Ciolos. Elle invitait plus de 400 acteurs de la filière (représentants de la profession, experts...) à initier un débat sur ces questions, et cela sans a priori. Témoin la présence en tribune de l'EMB (European Milk Board) et de Momagri, au même titre que le Copa-Cogeca, un vrai signe d'ouverture de la part du commissaire à l'Agriculture. Son objectif : faire émerger des idées nouvelles et aboutir à des propositions concrètes mi-2014 au Conseil et Parlement européen sur d'éventuels ajustements du « paquet lait ».
L'EMB en pointe sur la régulation des volumes
En fait de débats, d'idées et d'arguments, deux visions de l'après-2015 se sont surtout confrontées. Celle des régions les plus compétitives (le grand Ouest et l'Europe du Nord) où le lait devrait se concentrer. Stimulées par les perspectives de croissance du marché mondial, elles ne sont pas enclines à renforcer les outils redessinés par le « paquet lait ». En face, celle des zones plus vulnérables (montagne mais aussi Europe de l'Est et du Sud, hors plaine du Pô) où la production devrait régresser. Elles jugent le « paquet lait » actuel nettement insuffisant pour stabiliser les revenus des exploitations et lutter contre la volatilité. C'est dans ce camp, et surtout portée par l'EMB, que s'est exprimée l'idée d'une réduction volontaire aidée de la production en cas de crise (option imaginée par le parlementaire français Michel Dantin). En revanche, le Copa-Cogeca n'en a pas pipé mot. Pour cause, la proposition Dantin ne fait pas l'unanimité dans ses rangs. Le Comité des organisations professionnelles agricoles de l'Union européenne préfère « jouer sur les outils revisités de soutien du marché, et obtenir un relèvement suffisant du filet de sécurité pour intégrer l'augmentation des coûts de production ». Il pense aussi que « les marchés à terme et les systèmes d'assurance sont des outils prometteurs pour atténuer la volatilité du marché ».
Sans surprise, l'idée d'une régulation des volumes en cas de crise a été torpillée par les experts « indépendants » (tous d'Europe du Nord), mandatés par la DG Agri pour réfléchir à l'après-quotas. « Trop coûteuse et impossible à mettre en musique dans une UE à 27, peu efficace dans un marché ouvert sur l'international... Limiter l'offre aurait pour incidence de relever les prix européens, et donc d'être moins compétitif sur le marché mondial », ont-ils expliqué à l'assemblée.
Il est un terrain sur lequel tout le monde s'est accordé : l'idée lancée par Dacian Ciolos de créer un observatoire du marché. Il pourrait synthétiser des données concernant les prix pratiqués et les volumes de lait collectés. Des messages d'alerte pourraient en être tirés, permettant d'anticiper plutôt que de gérer les crises. Reste à savoir au-delà de l'alerte si l'on incite ou pas, de façon volontaire ou non à réguler... retour à la case départ.
JEAN-MICHEL VOCORET
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