A l'heure du bouclage de ce numéro, les arbitrages pour l'application de la nouvelle Pac vivent leurs derniers jours. Sauf contrordre, c'est le 3 octobre, au Sommet de l'élevage, que le ministre de l'Agriculture les rend publics. Dans une agriculture française multifacettes, va-t-il réussir à redistribuer les aides vers les fermes qui en bénéficient le moins, tout en préservant les principaux bassins de production, sources d'emplois ? Davantage que les céréaliers, les éleveurs laitiers de l'Ouest sont en première ligne. Leurs structures productives concentrent les aides directes sur une SAU limitée. En 2011, le montant moyen de leur DPU s'élève à 354 €/ha en Bretagne, 320 € en Pays de la Loire et 322 € en Basse-Normandie, contre 306 €/ha pour le DPU moyen laitier français, et 277 € toutes productions.
Soucieux de ne pas casser leur dynamisme, Stéphane Le Foll a obtenu la possibilité de « surprimer » les 52ers ha. De même, il a poussé à plus de recouplage des aides directes avec, par exemple, une prime à la vache laitière. Dans la simulation de l'Inra ci-dessus, ces outils contribuent à diviser par trois l'impact d'une réforme de la Pac brute. On imagine mal le ministre ne pas activer la surprime. En revanche, la prime vache laitière faisait encore débat avant les derniers arbitrages.
« De 30 € par vache, elle pèsera peu face aux aléas du marché, estime Dominique Chargé, président des coopératives laitières. De plus, entre primes allaitantes et laitières, ce recouplage nous enferme dans une discussion entre ruminants. Les éleveurs allaitants supporteront mal de voir rogner la PMTVA alors que leur revenu figure parmi les plus faibles du secteur agricole.
Dominique Chargé défend une redistribution visant à améliorer la compétitivité des structures.
Le choix des Pays-Bas de soutenir la compétitivité
Les réflexions néerlandaises vont dans ce sens. Les Pays-Bas planchent sur un transfert de 15 % des aides du premier pilier vers le second en vue d'une agriculture plus verte et compétitive, notamment via le volet modernisation des bâtiments de la réforme. « La nouvelle Pac ne sauve pas le lait de la concurrence des céréales, en particulier dans les régions de polyculture-élevage où sa place y est fragile », analyse plus globalement Christophe Perrot, de l'Institut de l'élevage. La faute aux aides découplées conçues pour saisir les opportunités du marché. Cela marche pour arbitrer entre plusieurs cultures, pas pour revenir à l'élevage quand on l'a quitté.
CLAIRE HUE
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