La coopérative Fonterra (Nouvelle-Zélande), premier exportateur de lait au monde, est plongée depuis début août dans une crise sanitaire. Le 4 août, l'entreprise a révélé qu'une contamination par une bactérie (on a parlé de botulisme puis de clostridium) avait affecté trois lots de lactosérum utilisés pour la fabrication de lait maternisé. Une contamination due à des canalisations mal lavées, qui remontait à... mai 2012.
La Chine, premier importateur mondial de produits laitiers, qui a connu en 2008 un scandale sanitaire majeur touchant le lait infantile (morts de six bébés et des milliers de malades), a aussitôt suspendu les importations de lactosérum provenant du géant néo-zélandais. Plus radicale, la Russie a interdit l'importation de produits laitiers commercialisés par Fonterra.
En Nouvelle-Zélande, cette crise sanitaire a pris l'allure d'une affaire d'État car l'enjeu est énorme. Les produits laitiers représentent 25 % des exportations néo-zélandaises et Fonterra assure 90 % de la production laitière du pays. Des agents de l'État ont été envoyés sur les sites de production de la coopérative pour gérer la crise. Le gouvernement a sévèrement jugé l'attitude de la coopérative, accusée d'avoir tardé à rendre publique cette contamination. Branle-bas de combat pour éteindre l'incendie. Le directeur de la division produits laitiers est « démissionné » et le patron du groupe, Théo Spierings, s'est immédiatement rendu en Chine pour présenter des excuses.
Il a été suivi par le ministre des Affaires étrangères qui a assuré de l'implication du gouvernement. Le Premier ministre devrait aussi aller en Chine pour rassurer les consommateurs.
Des avis partagés sur les conséquences
Deux semaines plus tard, on apprenait qu'une autre coopérative laitière, Westland Milk, avait exporté vers la Chine des lots de lactoferrine contenant une quantité excessive de nitrates. Cette image sérieusement écornée des produits laitiers néo-zélandais aura-t-elle des conséquences sur un marché mondial qu'ils contrôlent à hauteur de 30 % ? Les avis des observateurs sont partagés. Certains estiment que les acheteurs, asiatiques notamment, pourraient se reporter sur les fournisseurs européens et doper ainsi des cours déjà très hauts. D'autres considèrent que la Nouvelle-Zélande est, quoi qu'il arrive, incontournable pour les pays importateurs de produits laitiers et possédera toujours l'avantage du prix qui fera vite oublier quelques lots contaminés.
DOMINIQUE GRÉMY
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