L'élevage laitier en attente d'une aide couplée

Les négociations sur l'application de la future Pac en France vont se poursuivre en septembre. C'est un enjeu colossal pour les producteurs de lait. En effet, ils sont nombreux à être sous la menace d'une baisse importante des paiements directs, liée à la convergence des aides du premier pilier. Le DPU moyen français est de 268 €/ha. Les exploitations de l'Otex(1) « bovins lait à base de maïs » reçoivent un DPU moyen de 375 €, et certains sont bien au-delà. L'objectif affiché de cette nouvelle Pac est cependant de rééquilibrer les aides en faveur de l'élevage et de l'emploi. À cet effet, elle ajoute au principe de la convergence de l'aide directe, deux autres leviers : une surprime aux cinquante-deux premiers hectares (appelée aussi paiement redistributif) et un taux d'aides couplées passé de 10 à 15 % pour orienter plus de soutien sur l'élevage. S'ajouteront aussi les aides du second pilier avec notamment une ICHN revalorisée. Cet été, le ministère de l'Agriculture a proposé plusieurs scénarios, affichant différents niveaux de convergence (60 ou 100 %), avec ou sans la surprime aux cinquante-deux premiers hectares. Premier constat : les éleveurs laitiers de l'Otex « bovins lait à base de maïs » perdent dans tous les cas 15 à 16 % des aides liées au premier pilier. Les herbagers s'en sortent mieux (+ 3 à + 14 %). L'inquiétude est donc grande dans la maison FNPL où l'on se bat pour obtenir une aide couplée à la vache laitière, « seul levier capable d'atténuer l'effet de la convergence des petites et moyennes exploitations intensives qui portent souvent le dynamisme de la production laitière et qui sont riches en emplois ». Avec une enveloppe d'aides couplées augmentée de 3 % (les 2 % supplémentaires sont réservés au soutien aux protéines végétales), les syndicalistes laitiers imaginaient déjà une aide à la vache laitière de 100 € pour tout le monde. C'était sans compter sur le gouvernement qui profite de cette nouvelle manne européenne pour dégager de son budget les 165 M€ de la part nationale sur la prime à la vache allaitante.

Pas pressés de partager avec les laitiers

On comprendra aussi que les autres éleveurs de ruminants ne sont pas pressés de partager avec les laitiers. Dans ses premières propositions, la FNSEA se garde bien de diviser les éleveurs et défend une « prime aux ruminants avec des taux différentiels entre espèces ». Quant au ministre, il n'a jamais vraiment promis une prime à la vache laitière.

Après la dilution de l'APL dans les DPU, l'élevage laitier va-t-il à nouveau rater le coche des aides couplées. « La diversité des systèmes laitiers impose d'utiliser tous les outils à notre disposition : la prime à la vache laitière, la prime à l'autonomie protéique mais aussi la surprime aux cinquante-deux premiers hectares qui sera indispensable, surtout si le niveau de convergence est élevé », insiste André Bonnard, trésorier de la FNPL. Un dernier point que la maison mère FNSEA ne partage pas puisqu'elle demande au ministre de ne pas utiliser le paiement redistributif.

(1) Otex (orientation technico-économique) : classification des exploitations selon leur spécialisation.