Les jeunes veulent revisiter les coopératives

La gouvernance des coopératives est un serpent de mer qui fait régulièrement la Une, depuis vingt ans, de l'assemblée générale de la FNCL. Elle s'est invitée cette année à Metz (Moselle) au congrès national des JA (Jeunes agriculteurs). La coopération appréciera de voir la nouvelle génération se préoccuper d'elle. Preuve que les JA touchent aujourd'hui du doigt l'importance sur le plan économique et territorial des outils coopératifs. Pas sûr en revanche que les responsables de coops apprécient la façon dont les JA entendent rénover leurs entreprises pour les rendre attractives à tous ceux qui ne se sont pas investis comme leurs parents dans leur création. Comme d'autres, les JA font le constat que la concentration des coopératives a souvent mis à mal l'esprit des pionniers, d'où le besoin de renouveler le projet coopératif. Cela passe à leurs yeux par une nouvelle gouvernance, en favorisant le renouvellement des responsables, en renforçant l'ancrage territorial, la formation des administrateurs et les outils de surveillance interne ou externe du bon fonctionnement des coopératives. « Nous devons rester les principaux acteurs de la politique et de la stratégie, tandis que leur mise en oeuvre doit être confiée à des permanents », a souligné Gaël Gautier, secrétaire général. Pas question non plus « que les coopérateurs n'aient pas la main sur les filiales des coops pour ainsi ne pas subir leur choix ».

Éviter le cumul des mandats et des responsabilités

Si les JA étaient d'accord sur l'objectif, l'exercice d'écriture démocratique du rapport d'orientation a été laborieux. Une après-midi et une soirée de débats intenses, parfois houleux... le jeu habituel de la séance des amendements où l'on discute mot à mot du texte final.

Les JA ont approuvé à l'unanimité l'obligation faite aux administrateurs et aux présidents de coops d'être en activité durant leur mandat. Validée aussi la limitation de « l'âge du capitaine » à 60 ans. Plus question non plus de cumuler les mandats en limitant leur durée à dix ans à chaque niveau de responsabilité (administrateurs, membres du bureau et président). « Limiter les mandats est une bonne chose, mais encore faudra-t-il avoir des jeunes motivés et compétents, c'est-à-dire assez formés pour prendre le relais », observait avec pertinence ce congressiste. JA entend aussi limiter le cumul des responsabilités pour un président de coopérative à deux organisations agricoles, quel que soit l'échelon. Les coopératives avec un nombre d'adhérents réduits (Cuma...) seraient exemptées de ces principes de fonctionnement.

Autre proposition concrète : une indemnité mensuelle allouée aux présidents de coops qui n'excède pas 100 % du Smic (50 % du Smic horaire pour les autres administrateurs). Elle viendrait en plus de la prise en charge de son remplacement sur sa ferme et des frais liés à ses responsabilités. Objectif avoué : qu'il reste proche du terrain et vive d'abord de son métier. Des oreilles vont siffler...