Heureux les coopérateurs de l'Ermitage. Née dans les Vosges en 1931, cette coopérative collecte 438 Ml de lait lorrain et franc-comtois, et produit 54 500 t de fromages : des pâtes molles (25 000 t) par choix stratégique, de l'emmental (16 000 t) par obligation, mais aussi de l'AOC comté (5 270 t).
Heureux ses producteurs car leur entreprise est de celles qui payent le mieux dans le grand Est. Notre enquête de mars dernier y situait le prix du lait standard « super A » 2012 à près de 350 €/1 000 l et celui d'une qualité plus dans la normale à 340 €, pour les adhérents lorrains historiques de l'Ermitage, l'ULV (Union laitière vittelloise). Les Francs-Comtois de l'UAC et la CLFC (Centrale laitière de Franche-Comté), « tombés » dans le groupe en 1996 et 2009, tournaient à 341 et 336 € pour les mêmes laits. La différence tient à des niveaux de ristourne allant du simple au double : 19 € pour l'ULV, environ 10 € pour les Francs-Comtois pour le « super A » de notre enquête. Le degré de capitalisation de chacun dans le groupe explique cela.
Heureux enfin car, en 2013, la ristourne est du même acabit, en lien avec les résultats 2012. L'entreprise a dégagé un résultat de 11,5 M€ pour un chiffre d'affaires de 334,7 M€, avec un prix moyen du lait (standard et AOC), toutes primes et qualités comprises, de 346,64 €/1 000 l.
« Vital de garder le pouvoir décisionnel en région »
Ils sont confiants enfin dans l'avenir, les « Ermitage », au vu de leur situation financière saine (49 % de fonds propres). Le groupe, qui achève de digérer son dernier gros investissement de 34 M€ en 2007 et 2008 (sur un total de 92 M€ investis de 2000 à 2009), aborde sereinement son avenir... mais à sa manière. « Nous avons des ambitions différentes de celles qu'imposent les entreprises qui nous entourent. Pour la coopération nationale en particulier, il faut limiter la production laitière dans l'Est et décourager les producteurs un peu hésitants sur leur avenir », expliquait Daniel Gremillet, président de l'Ermitage, lors de l'assemblée générale en avril dernier. « Pour certains, toutes les entreprises doivent avoir une taille "mondiale" et les coopératives se cantonner à la collecte. Ce dogme pousse à la fusion de coopératives régionales avec des entreprises nationales. Nous pensons au contraire qu'il est vital de garder le pouvoir de décision dans notre région, pour développer une stratégie cohérente permettant de pérenniser nos exploitations et les emplois qui en résultent, et préserver la vie de nos villages. » Allusion directe au choix des fromageries de Blâmont de tourner le dos à l'Ermitage pour se fondre dans Sodiaal. Et pour conserver un poids au bassin laitier de l'Est, l'Ermitage entend continuer de développer la production de lait standard, en marge de ses produits AOC. D'où son projet d'investir pas moins de 65 M€ sur trois ans dans ses outils (lire ci-dessus).
JEAN-MICHEL VOCORET
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