La médiation du gouvernement décoince-t-elle les discussions tendues entre distributeurs et transformateurs ?
Robert Brzusczak : Les industriels privés ne comprennent pas la logique d'une médiation sous l'égide des pouvoirs publics. Il y a une réalité du marché. Il faut en tenir compte. Le prix du lait 2013 va augmenter de 8 à 10 %, mais cette hausse sera concentrée sur le second semestre. Elle sera appliquée à partir d'une mécanique de fixation de prix du lait contractualisée avec les producteurs. Notre difficulté aujourd'hui est de la répercuter vers nos clients. Si la distribution considère comme illégaux ces contrats validés par les pouvoirs publics, qu'elle les conteste ! Nous ne voulons pas qu'elle nous dise comment fixer le prix du lait. Nous demandons seulement un fonctionnement normal de la filière avec un respect des accords contractuels.
Les relations GMS-industriels sont-elles aussi tendues hors de l'Hexagone ?
R. B. : La France est l'un des pays où les négociations sont les plus difficiles. Dans un contexte de crise, la concurrence exacerbée à laquelle se livrent les GMS françaises érode leurs marges. Sans doute sont-elles aussi moins habituées que les GMS allemandes à gérer les produits laitiers soumis aux aléas du marché. Les Allemands ont consenti des hausses sur le beurre car ils perçoivent le risque d'une pénurie à la fin de l'année.
Leclerc a-t-il déréférencé des produits à marque du groupe Bongrain ?
R. B. : Je ne commente pas les relations que Bongrain entretient avec ses clients.
Que penser de la hausse, proposée par le gouvernement, de 2,5 c/l d'avril à juin ?
R. B. : A l'heure où je vous parle, elle ne s'appliquerait que pendant une durée limitée. Elle ne répond pas au problème. La hausse du prix du lait est une réalité mondiale. Elle est durable sur la totalité du second semestre et au-delà, sur le début de 2014. Les prochaines semaines seront déterminantes. Si on n'aboutit pas, les entreprises ne pourront pas faire face au prix du second semestre.
Les négociations ne souffrent-elles pas du décalage de trois mois du prix du lait français par rapport aux marchés ?
R. B. : Ce décalage est conçu pour anticiper les évolutions du prix du lait, y compris par les GMS. Faut-il y renoncer ? Le groupe Bongrain s'interroge. Prévoyant une hausse du prix du lait au second semestre et face à la flambée du prix des aliments, il a répondu dans l'urgence par des avances de 15 €/1 000 l au premier trimestre, à récupérer au second semestre. Il continue sur les livraisons d'avril et mai avec une avance de 25 et 15 €/1 000 l dans certaines régions (voir p. 16). Cette décision a été prise avec ses organisations de producteurs. Supprimer le décalage de trois mois en période de hausse permettra aux producteurs d'en profiter rapidement. Ce système plus réactif sera-t-il sain en période de baisse ? Le débat est ouvert avec nos OP.
Quelle est la position de Bongrain sur l'indicateur de charges ?
R. B. : Bongrain est contre l'instauration d'un indicateur de charges dans le mécanisme de fixation du prix du lait. Et si elle avait lieu, il faudrait ajouter un volet volume à la formule actuelle.
Le groupe Bongrain est-il toujours contre les prix et volumes B ?
R. B. : Oui. Nous préférons accompagner la croissance mondiale en adaptant nos capacités industrielles, ce que nous faisons dans le grand Ouest. Nous ne faisons pas d'annonce de volumes additionnels car nous sommes incapables de garantir à l'avance à quel prix ils seront valorisés. Nous traiterons prioritairement cette question avec nos OP en 2015. La contractualisation a fondamentalement changé nos relations avec les producteurs.
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