Depuis sa fusion avec Elle-et-Vire en 2011, Agrial prend-il son envol laitier ?
Patrick Lepelleux : La fusion avec la coopérative voisine Elle-et-Vire est l'étincelle qui a confirmé la volonté du groupe Agrial de s'impliquer dans l'aval laitier. Il collecte désormais un milliard de litres auprès de 2 470 adhérents. Il y a encore deux ans, c'était sans le valoriser lui-même. Il fallait rectifier le tir. Les autres branches d'Agrial (légumes, cidre, volailles, etc.) sont plus avancées dans la transformation. De l'Ille-et-Vilaine à l'Eure, notre collecte est au coeur du principal bassin laitier français. Nous voulons soutenir le développement de nos adhérents.
Êtes-vous en mesure aujourd'hui d'indiquer quel niveau de hausse de volume vous proposerez après 2015 ?
P. L. : Nous sommes en phase de construction. Nous aurons besoin de lait en plus, c'est sûr, mais dire que ce sera +10 % ou +20 %, c'est trop tôt. Il faut les marchés en face. Il n'est pas question d'investir dans des outils industriels pour les marchés mondiaux fluctuants. Nous visons la sécurité dans le temps et dans le prix. C'est le sens qu'Agrial donne à sa prise de participation dans Délice'lait (Manche), spécialisée dans les ingrédients. Il détient 65 % de son capital depuis 2012.
En quoi votre filiale Délice'lait contribue-t-elle à votre projet ?
P. L. : Elle a construit un concentrateur de lait début 2012. Une tour de séchage de 150 Ml et 11 M€ d'investissement sera opérationnelle début 2014 pour des poudres de lait écrémé et à 26 %. Ces deux outils sont destinés à satisfaire un client majeur : Unilever. Sur les 160 millions équivalents lait que Délice'lait transforme, 110 Ml sont destinés au groupe anglo-néerlandais à la recherche de lait durable et tracé, ce qu'Agrial lui garantit. Nous sommes prêts à accompagner son développement européen, à côté du contrat de collecte de 960 Ml avec CLE-Bongrain jusqu'en 2018- 2020 (dont 110 Ml prêtés à Agrial jusqu'en 2015 pour le déploiement de Délice'lait). Si nous développons notre activité laitière, nous restons très attachés à cette relation.
Qu'apporte Senagral, que vous avez créée avec Senoble en 2010, à votre stratégie de l'après-2015 ?
P. L. : La collecte de Senagral (415 Ml) est aujourd'hui auto-suffisante pour approvisionner ses sites haut-normand et du grand Est (produits frais sous MDD). Néanmoins, certaines zones sont en déprise. Si, à terme, nous constations un décalage, du lait bas-normand pourrait le compenser. Le concentrateur de lait de Délice'lait faciliterait son transport. De même, si demain Senoble a besoin de lait pour sa propre expansion européenne, Agrial répondra présente. Pour l'heure, la coopérative vient de prendre la majorité de Senagral, de quoi mieux affronter le marché difficile des produits frais. Le marché des MDD est occupé par une dizaine d'opérateurs, dans un contexte de recul de la consommation. Même si, avec 25,2 % de parts de marché pour 550 M€ de CA, Senagral en est le leader, ses marges s'effritent, traduites par un résultat légèrement déficitaire (- 900 000 €). Attention à ce que cette conjoncture tendue ne déclenche pas une guerre des prix. Nous sommes persuadés que des accords ou des partenariats entre industriels sont envisageables. De quels types ? Il est encore trop tôt pour le dire.
Délice'lait et Senagral à peine lancées, vous annoncez le projet de fusion avec Eurial. Vers quoi court Agrial ?
P. L. : Ce projet avec le groupe coopératif Eurial rendu public en janvier apportera une structuration forte de notre branche lait (L'Éleveur laitier n° 210, p. 12), et une expérience laitière qu'elle n'a pas. Eurial et Agrial se sont donnés deux ans pour consolider leurs activités. Agrial veut faire partie des grands groupes coopératifs laitiers de demain.
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