Difficile de se faire une opinion sur les initiatives de Bruxelles et Paris à propos d'un système de régulation de l'offre pour éviter une trop forte baisse du prix du lait en cas de crise. Un groupe de travail planche sur le sujet au ministère de l'Agriculture (voir L'Éleveur laitier de février 2013). De son côté, le député Michel Dantin milite depuis plusieurs mois au Parlement européen pour une proposition, reprise par la FNPL. En résumé : en cas de crise très grave (insuffisance des interventions prévues dans l'OCM unique), les producteurs volontaires qui baisseraient d'au moins 5 % leur production de lait bénéficieraient d'une aide compensatrice. Inversement, ceux qui augmenteraient de plus de 5 % auraient une pénalité. Fin janvier, cette proposition de Michel Dantin a été acceptée par la Commission agricole du Parlement qui, dans le même temps, a refusé un amendement voulant rétablir les quotas.
Mais qu'en restera-t-il ? Au moment décisif de la négociation de la réforme de la Pac avant juin prochain, elle pourrait passer à la trappe pour plusieurs raisons. En premier lieu, l'opposition de l'Allemagne, de l'Angleterre et d'autres pays très libéraux qui pointent le risque de dépenses budgétaires supplémentaires avec ce projet français. Il faut aussi relever l'absence de données européennes pertinentes sur les prix, les seuils d'alerte et les stocks (secrets statistiques dans certains pays) qui rend difficile son application. Enfin, le dispositif serait très compliqué à contrôler.
Ardeurs françaises
Pour calmer les ardeurs françaises, le commissaire Ciolos a demandé à six experts de lui faire parvenir pour juillet prochain (donc après la réforme de la Pac) une étude dont l'un des volets sera de faire des propositions relatives à la gestion des marchés laitiers. Mais contrairement à ce qu'a pu écrire une agence de presse, lors d'une réunion interne, le Commissaire n'a pas pris position sur une éventuelle incitation à une réduction de la production en cas de crise. Il a plutôt insisté sur le deuxième volet de cette étude qui devra dire comment assurer la durabilité de la production laitière, y compris sur le plan territorial (montagne, zones sensibles et déshéritées). Ensuite, le Commissaire fera peut-être une conférence laitière avant la fin de l'année. C'est à cette occasion que les conclusions des travaux en cours au ministère de l'Agriculture sur un outil de régulation de la production laitière pourront être présentées en détaillant comment lever les obstacles déjà identifiés lors de l'examen de la proposition de Michel Dantin. Vu de Bruxelles, c'est une mission presque impossible. En tout état de cause, rien de décisif ne sera annoncé à Bruxelles avant l'élection du nouveau Parlement et de la Commission au printemps 2014, d'autant que la conjoncture laitière est bonne et que d'ici à 2020, une crise laitière très grave n'est pas l'hypothèse la plus probable.
HERVÉ DEBÉARN
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