
La gestion des volumes par les coopératives va de la cession des parts sociales directement entre adhérents à des attributions larges. Tout dépend des besoins en lait de l'entreprise.
DEPUIS UN AN, LES COOPÉRATIVES dévoilent leur politique de gestion des volumes. Elle est différente d'une coop à l'autre. Si, dans cette enquête non exhaustive, elles allouent quasi toutes des rallonges de fin de campagne et ont le souci d'encourager l'installation, elles ont chacune leur propre curseur pour l'attribution des volumes. La clé d'entrée : leurs capacités industrielles et leur région laitière plus ou moins dynamique.
Politique libérale : Terra Lacta, ULM, Laitnaa et Lact'Union
En région de polyculture-élevage, l'enjeu de ces quatre coopératives est de préserver la dynamique laitière. Elles répondent aux demandes de leurs adhérents, c'est-à-dire sans plafond de volumes. De plus, hormis Lact'Union, elles ne pratiquent pas de prix différenciés A-B. Dans ces coopératives, la marchandisation des parts sociales entre adhérents pour acquérir des volumes n'est pas un sujet.
Terra Lacta (Poitou-Charentes) : « L'objectif de Terra Lacta est de maintenir ses 730 Ml de lait (NDLR :en contrat avec Savencia), indique la coopérative. Pour l'instant, nous y arrivons. » En 2015, la commission volume enregistre 130 demandes. Elles concernent des attributions pour une année ou plusieurs. « C'est à la carte. Elles sont payées au prix A. »
ULM (Meuse) : même son de cloche à l'ULM (360 Ml). Initialement simple coopérative de collecte, elle a investi en 2010 dans une unité de prétraitement du lait et prévoit un nouvel investissement de 12 M€ pour des ingrédients laitiers. « Chaque producteur est libre d'augmenter sa production sans limite, à condition d'être situé dans un secteur géographique en cohérence avec notre zone de collecte », explique ULM. En contrepartie, l'adhérent annonce un an à l'avance ses prévisions de livraisons mensuelles sur intranet. L'augmentation des parts sociales qui s'y rattachent est ensuite ajustée automatiquement. Sur ce principe, des producteurs ont triplé leur production en deux ans.
Laitnaa (Nord, Aisne et Ardennes) : crise laitière oblige, la coopérative de collecte (191 Ml) ne prévoit aucune rallonge pour cette campagne. Elle offre néanmoins des possibilités de développement sans plafond aux jeunes agriculteurs et aux investisseurs. Seule différence avec l'ULM : une commission interne accorde le volume demandé en fonction de la pertinence du projet qui lui est présenté, avec un plan d'augmentation des livraisons sur cinq ans. Par ailleurs, si l'un de ses adhérents reprend une nouvelle exploitation, Laitnaa lui attribue le volume d'origine. La coopérative reste aussi à l'écoute de nouvelles adhésions, comme le montre la fusion récente avec une petite coopérative ardennaise.
Lact'Union (Picardie) : même si la mutualisation des volumes a permis d'attribuer de fortes rallonges de fin de campagne payées au prix B (+ 20 %, + 24 % et + 10 % ces trois dernières années), Lact'Union (240 Ml) est moins libérale. Les demandes pour du développement se font également au prix B et sont soumises à la décision du conseil d'administration, sauf pour les JA qui peuvent bénéficier jusqu'à 300 000 litres de A. « Si l'on veut être en mesure d'attribuer ces volumes aux jeunes, il faudra peut-être, à l'avenir, constituer une réserve. Elle pourrait se faire par l'instauration d'un plafond de volumes lors des transferts de parts sociales entre adhérents dans le cadre d'une cessation d'activité. » Enfin, lors d'une reprise d'exploitation extérieure, la coopérative ne reprend pas la nouvelle référence.
Attributions encadrées : l'exemple de Sodiaal et Terrena
Sodiaal et Terrena suivent une logique de développement maîtrisé. Tout volume libéré remonte à la réserve et tout volume supplémentaire passe obligatoirement par leur aval. Terrena (400 Ml) s'inscrit dans le projet d'investissement de Laïta de 100 M€ et 250 Ml en plus entre 2013 et 2020, dont 80 à 100 Ml pour la Ligérienne. « Les volumes sont attribués en fonction de ce que peuvent absorber les marchés et de la capacité industrielle de nos outils », insiste Terrena, qui est poussée par ses adhérents dynamiques. Le groupe Sodiaal (4,8 mdl), lui, a bien sûr la perspective de l'usine Synutra de poudres infantiles, actuellement en phase d'essai, qui absorbera 300 Ml. Dans les deux cas, la marchandisation des transferts de parts sociales d'un adhérent à un autre est rendue inopérationnelle. Sodiaal souligne d'ailleurs que son dispositif de volumes est construit pour décourager les velléités de spéculation. « Les pays nord-européens se sont débarrassés des quotas marchands. Il est absurde d'en créer en France. »
Développement
Sodiaal : destinés au grand export, ces volumes sontpayés au prix B. Le groupe les octroie sans plafond mais en contrepartie d'une étude économique et d'un garde-fou : pas plus de 30 % de B dans la référence contractuelle. Il faut en faire la demande avec une planification des livraisons sur cinq ans.
Après l'aval du conseil de bassin et suivant la conjoncture, les volumes sont alloués sous réserve de s'être acquitté du versement des parts sociales correspondantes. Si l'éleveur s'agrandit avec un élevage Sodiaal, le volume repris est du B. L'agrandissement est considéré comme du développement. « Cela évite une surenchère sur les parts sociales puisque le repreneur peut demander directement des volumes à la coopérative. »
L'éleveur n'est pas obligé de produire le B. « Il répond au signal envoyé par le marché. »
Terrena (Pays de la Loire) : le volume de développement est aussi payé au prix B. L'agrandissement est considéré aussi comme du développement. À la différence de Sodiaal, Terrena fixe un plafond d'attribution de 400 000 l pour la première UMO et de 300 000 l pour chaque UMO supplémentaire (salarié compris). À réaliser sur trois ans au terme desquels ce qui ne l'est pas est récupéré. « Les attributions sont faites en fonction de nos besoins. On doit pouvoir compter sur ces volumes », justifie Terrena.
Regroupement
Les deux coopératives adoptent la même politique.
Objectif : ne pas démanteler les structures. Si le regroupement concerne des adhérentes à la coop, elle additionne leur volume A et leur volume B.
S'il est avec une non-adhérente, elle applique sur cette dernière les pourcentages de A et B relatifs à la référence contractuelle (90/10 chez Sodiaal, 94/6 chez Terrena).
Consolidation
Ce sont des volumes A à 90 % (Sodiaal) ou 100 % (Terrena), redistribués à partir des volumes libérés et une fois les jeunes agriculteurs satisfaits (jusqu'à 300 000 l également sous les pourcentages A/B). Il faut en faire la demande. Sodiaal : entre 3 000 et 5 000 litres par demande sous conditions. Terrena : un forfait de 20 000 litres accordé à cent éleveurs pour 2016-2017.
Transfert des partssociales de gré à gré faute de développement : Agrial
La Bas-Normande Agrial est à la tête de 1,335 milliard de litres dont 980 Ml pour Savencia. La politique actuelle des volumes (en attendant la fusion avec Eurial), outre les installations, consolide les structures en augmentant leur référence de 3 % par an jusqu'en 2020, payée en A. Faute de capacités industrielles suffisantes, elle ne propose pas de volumes de développement avant 2018. En contrepartie, elle autorise le transfert des parts sociales liées au lait directement d'un adhérent Agrial à un autre apporteur Agrial (transfert partiel du capital social en réflexion). Il suffit qu'elle en soit informée. Elles sont achetées par le repreneur, ce qui leur donne une valeur marchande. Fin novembre, une trentaine de cessions avaient déjà eu lieu. Elles sont possibles à l'intérieur de ses quatre bassins ou entre deux bassins, à condition que le cédant soit à 30 km au maximum du repreneur. À noter qu'Agrial n'autorise pas l'agrandissement par la reprise du lait d'un livreur non Agrial, considérée comme du développement.
Regroupement
Agrial accepte le regroupement d'une structure Agrial et d'une non-Agrial, avec l'objectif d'un jeu à somme nulle à la fin de l'année pour les deux industriels. Néanmoins, Lactalis et Maîtres Laitiers du Cotentin n'adhèrent pas à ce principe de réciprocité.
CLAIRE HUE ET JÉRÔME PEZON
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