
Limiter la baisse sur l'année à 45 € grâce à un prix de 340 € les cinq derniers mois apparaît illusoire. Le débat est aujourd'hui de savoir si le quatrième trimestre se jouera ou non au-dessus des 300 €.
QUEL SERA LE NIVEAU DE LA BAISSE À ENCAISSER SUR 2015 ? La question est dans tous les esprits. À la veille de l'annonce des prix d'octobre qui donneront la tendance du quatrième trimestre, les réponses restent prudentes. Il est vrai que le sujet est explosif avec des indicateurs en chute libre. « Entre l'impact des marchés (N.D.L.R.: l'indicateur F1) et l'écart France-Allemagne, ce sont - 80 €/1 000 l que nous devrions appliquer au quatrième trimestre, explique cette PMI fromagère. Autant dire que nous serions nettement sous les 300 €/1 000 l, seuil sous lequel nous nous sommes engagés à ne pas descendre auprès de notre OP. » Parce qu'elle doit aussi conserver une dynamique laitière sur sa zone, l'entreprise a prévu de faire un effort financier qu'elle espère récupérer plus tard.
Mais combien auront cette stratégie gagnant-gagnant ? Interrogées sur le sujet, les laiteries sont nombreuses à botter en touche, renvoyant à la deuxième table ronde sous l'égide de Stéphane Le Foll.
« NE PAS ATTENDRE DE MIRACLE DU 1ER OCTOBRE »
Celle du 24 juillet avait abouti à la revalorisation des prix des MDD et premiers prix de la crème, du beurre, du lait UHT et de l'emmental, à l'engagement des GMS de ne pas revenir sur les tarifs des marques négociés en février et à jouer le « made in France ». La réunion du 1er octobre devait faire le bilan des engagements de chacun, pousser le hard discount et la restauration hors foyers à acheter français, et surtout étendre le consensus sur les MDD et premiers prix à tous les produits (fromages et produits frais). Nul doute qu'il en aura été question le 1er octobre tant l'interprétation de l'accord du 24 juillet fait le grand écart. Les transformateurs estiment qu'il leur permet au mieux un bonus de 3 à 4 €/1 000 l d'août à décembre. Les producteurs persistent à dire que l'accord pris dans sa globalité, et pas seulement sur les MDD et premiers prix, autorise un bonus de 30 à 40 €/1 000 l. D'où les 340 € de prix de base jusqu'à la fin 2015 revendiqué par la FNPL et synonyme, d'après notre simulation, d'une baisse limitée de 40 à 45 €/1 000 l. À l'évidence, on en sera loin.
« Quand bien même le 1er octobre aboutirait à l'extension de l'accord de juillet, l'effet ne sera que de quelques euros, sans commune mesure avec l'impact des indicateurs, tempère cet industriel. L'importance de cette réunion est ailleurs : nous positionner dans des conditions favorables pour entamer le bras de fer avec les GMS sur les marques début 2016. »
Si certaines entreprises ont, en août, donné l'illusion de se rapprocher des 340 €, c'est qu'elles y ont ciblé une bonne partie de la revalorisation des MDD et premiers prix. Exemple avec l'avance Sodiaal de 20 € en août. Mais en septembre, la coopérative en restera aux 320 € prévus initialement. Et ce sera moins d'octobre à décembre, même si elle y redistribuera le solde de son enveloppe « table ronde ». Reste à savoir si Sodiaal sera en mesure de respecter son engagement pris début 2015 de ne pas descendre sous les 300 €, une décision sur laquelle le conseil d'administration aura aussi la main en fin d'année. À 300 € au dernier trimestre, la baisse annuelle y serait néanmoins de près de 60 € impact du lait B compris (voir ci-contre).
LACTALIS À 284 € AU QUATRIÈME TRIMESTRE ?
Chez Lactalis, le retour du 24 juillet s'est traduit par + 4 € sur les factures d'août avec un prix autour de 310 € (flexibilité déduite). Il y aura le même bonus jusqu'à la fin 2015. Résultat pour septembre : un prix de 300 € auquel s'ajoutera, comme en octobre et novembre, une prime de retour de pénalités de 8 €. Pour le dernier trimestre, il serait question de 284 €, flexibilité déduite, retour des 4 € compris. Sur cette base, que les OP espèrent bien infléchir, Lactalis finirait 2015 en retrait de près de 60 €.
Chez Bongrain, ce n'est que 0,62 €/1 000 l que les producteurs vont recevoir d'août à décembre au titre de l'accord avec les GMS. Si le prix d'août a ainsi tourné autour de 320 €, rien n'a encore filtré sur ce qu'il pourrait être de septembre à décembre. Et pour cause, Bongrain est en pleine négociation avec ses OP qui ont activé en août la clause de rencontre de leur contrat. Agrial, qui collecte pour lui, s'est dévoilé. Pour septembre, ce sera 311,83 €/1 000 l en Basse-Normandie en y concentrant ces 62 centimes prévus d'août à décembre, soit 3,10 €. Pour le quatrième trimestre, Agrial envisage un bonus de 3 € lié à son activité lait UHT.
JEAN-MICHEL VOCORET ET CLAIRE HUE
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