PRODUITS LAITIERS : LE MARCHÉ À TERME DEVRA FAIRE SES PREUVES

L'une des clés du succès de ces contrats va dépendre de leur bonne corrélation avec les prix du marché physique. © CLAUDIUS THIRIET
L'une des clés du succès de ces contrats va dépendre de leur bonne corrélation avec les prix du marché physique. © CLAUDIUS THIRIET (©)

Trois contrats sur les produits industriels vont voir le jour. Les transformateurs français, prudents, vont observer ce lancement.

À L'AUTOMNE DERNIER, EN PLEINE CRISE SUR LE PRIX DU LAIT, Bruno Le Maire défendait l'idée de créer un marché à terme européen des produits laitiers. En juin ou juillet, la bourse européenne Nyse Euronext prévoit de lancer trois contrats sur le beurre, la poudre de lait écrémé et la poudre de lactosérum. Le ministre avait présenté cet outil comme permettant de réguler les marchés, au même titre que l'intervention et les restitutions. Dans les faits, ces contrats ne permettront pas de réduire la volatilité des cours. Ils seront des outils de gestion privée mis à la disposition de tous les acteurs de la filière. Ceux-ci auront alors une visibilité de prix limitée à douze mois dans un premier temps. Ils pourront se couvrir contre des hausses ou des baisses de prix.

De nombreux transformateurs français se disent frileux face à ce projet et vont wobserver ce lancement, pour le moment. Ce projet est soumis à plusieurs conditions. L'une des clés de son succès va dépendre de la bonne corrélation de ces contrats avec le marché physique. Cette condition devrait, en théorie, être remplie car ils pourront déboucher sur des livraisons à Anvers, Hambourg ou Rotterdam, dans un rayon de 150 km. Mais l'objectif est que moins de 1 % des transactions aboutissent à des échanges physiques.

LES CHOCOLATIERS ATTIRÉS

L'autre clé de sa réussite concerne la fluidité. Il est primordial qu'un nombre suffisant d'acteurs se positionne sur ces contrats pour que tous puissent lâcher facilement leur position, c'est-à-dire trouver un acheteur ou un vendeur. Si ce n'est pas le cas, ces marchés risquent de s'éteindre naturellement, faute d'opérateurs et de transactions suffisantes.

Une partie de la filière craint que ce marché lui échappe avec l'arrivée de financiers et de spéculateurs. Même si leur présence est nécessaire pour apporter de la fluidité, l'un des effets pervers serait qu'ils fassent augmenter la volatilité des cours. En effet, ils ont intérêt à ce que les prix varient fortement pour gagner à la hausse comme à la baisse. Sur le marché à terme des céréales, ces spéculateurs réalisent environ 20 % des transactions. Les transformateurs craignent aussi que ces contrats, basés sur des produits industriels, donnent une tendance de prix pour le marché des PGC, alors que ces débouchés ne représentent que 30 % de la valorisation du lait en France. Une autre difficulté concerne la standardisation de ces contrats. De nombreux industriels fabriquent différentes qualités de ces matières. Pour l'heure, seul le contrat sur la poudre de lait écrémé est connu. Il s'agira d'un certificat de 24 t, dont la teneur en matière grasse maximale ne devra pas dépasser 1,25 % et celle en protéine être au moins égale à 34 %.

Les acheteurs de produits industriels semblent les plus motivés par la création de ce marché, notamment l'industrie de la seconde transformation comme les chocolatiers.

Certains se couvrent déjà sur le marché à terme du blé pour leurs achats de farine et veulent pouvoir le faire sur le beurre et la poudre. Au début de chaque année, l'industrie agroalimentaire a l'habitude de négocier le prix de vente de ses produits avec la grande distribution en fonction de leur coût de production. Elle pourra se prémunir contre une éventuelle remontée des prix des matières premières en cours d'année en achetant des contrats. Les transformateurs auront eux aussi intérêt à se positionner. Par exemple, à l'horizon de douze mois, si le prix du marché à terme leur paraît suffisamment rémunérateur, ils pourront se couvrir en vendant des contrats. Lorsqu'ils arriveront à échéance, si leur montant est supérieur au prix du marché physique, ils auront réalisé une plus-value. Dans le cas inverse, ils seront perdants. Cette stratégie pourrait alors se révéler risquée. Surtout si les producteurs, voyant le prix des produits industriels élevés, se mettent à demander une augmentation du prix du lait. Ces entreprises seraient dans l'incapacité d'y répondre favorablement car elles auraient vendu leurs marchandises plusieurs mois à l'avance à un prix moins élevé.

En théorie, les producteurs pourront eux aussi intervenir sur ce marché. Il leur permettra de compenser d'éventuelles variations du prix du lait. Pour cela, ils devront ouvrir un compte « marché à terme » qui sécurisera un niveau de prix sur le beurre et la poudre. Avant de s'engager, il leur sera indispensable de se former pour bien appréhender les mécanismes du marché à terme. Ils devront également s'entourer de sociétés de conseils pour décrypter ces marchés et prédire des tendances de hausse ou de baisse des cours.

NICOLAS LOUIS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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