TOUTE L'EUROPE SERRE LES DENTS

Le 17 février, les éleveurs ont bloqué toute la journée la rocade de Rennes pour protester contre la baisse du prix d'achat de leurs productions.© JEAN-CLAUDE MOSCHETTI/REA
Le 17 février, les éleveurs ont bloqué toute la journée la rocade de Rennes pour protester contre la baisse du prix d'achat de leurs productions.© JEAN-CLAUDE MOSCHETTI/REA (©)

Si tous les éleveurs européens subissent la chute du prix du lait, l'impact n'est visiblement pas le même partout. Les attentes non plus. Rencontres.

ALORS QUE LA CRISE JETTE LES ÉLEVEURS FRANÇAIS DANS LA RUE, leurs collègues européens résistent et attendent. Pour eux, le marché fait le prix et l'avenir appartient aux plus compétitifs. L'Éleveur laitier est retourné à la rencontre des éleveurs qui ont témoigné en avril 2015 dans ses colonnes sur leur stratégie pour l'après-quotas.

Ils racontent comment ils vivent la chute des prix. La maîtrise du coût de production est une clé majeure. Et cela se joue au quotidien. Performances techniques et autonomie alimentaire constituent les outils de base pour abaisser le prix d'équilibre. Certains misent sur la croissance. Investir pour diluer les charges fixes reste la meilleure option pour les Irlandais. Comme les Néerlandais, ils accordent une totale confiance à leur coopérative pour valoriser leur lait. Ces stratégies semblent assez représentatives de leurs pays. Car c'est là que la collecte progresse le plus depuis un an. On retrouve cette sérénité en Pologne où les éleveurs disposent de réserves financières pour passer le cap.

La situation est plus contrastée en Allemagne. L'éleveur rencontré, Peter Gühl, vend des vaches et se lance dans la vente directe. Une stratégie originale car là-bas, la collecte est stable.

En se développant, l'Europe du Nord provoque une surproduction qui plombe le prix pour tous. La résistance de certains est mise à mal, particulièrement dans l'Hexagone.

Tous savent que la remontée des prix passe par une baisse de la production. Comment y parvenir ? « La régulation se fait par le prix », lâche Jan-Roelof Jalvingh, aux Pays-Bas. « S'ils veulent rester dans la course, les Français devraient travailler leurs coûts de production au lieu de manifester », lance Tom Dunne, en Irlande. Pour eux, la régulation administrative appartient au passé. Vive le marché et que le meilleur gagne !

Cette philosophie libérale ne fait pas l'unanimité, même si elle domine. Ainsi, Peter Gühl croit en une contractualisation adaptant l'offre à la demande. Même si l'Allemagne reste fidèle à la loi du marché, elle connaît aussi des débats.

Notre éleveur français, Mathieu Drouet, plaide pour un minimum de protection des producteurs en cas de crise, au lieu des aides actuelles.

Ces témoignages montrent que les bassins de production européens sont entrés en concurrence. Quoi qu'on en dise, le lait est le même partout. La pérennité des élevages est liée à la pugnacité de leurs collecteurs, mais aussi à la capacité de la filière à travailler ensemble.

Sur cet échiquier, la France est décalée. Quand ses voisins négocient le soutien de leurs coops (Pays-Bas, Irlande), elle réclame des aides à l'État. Elle dispose pourtant de réels atouts pour maintenir son rang. Il lui reste à accepter les règles, même si elle ne les a pas choisies, pour entrer pleinement dans le jeu. La priorité pour les Français est de surmonter leur grand désarroi et de faire le gros dos.

PASCALE LE CANN ET CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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Maladies
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Herbe

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