Certaines OP n’ont pas été à la fête en 2020. Celles de Savencia d’abord. Sunlait, qui en regroupe dix (bientôt neuf ? Lire ci-contre), s’est retrouvée face à un mur… À la poubelle, la formule de prix appliquée depuis deux ans qui avait boosté son prix de 20 € en 2019. Les trois OP FMB qui, elles, a contrario de Sunlait, avaient entériné cette formule dans leur contrat avec Savencia, ont subi le même sort.
On le touche du doigt : Égalim, avec sa formule de prix selon le mix-produit de l’entreprise et des indicateurs du marché, n’a pas pesé lourd face à la volonté de Savencia de la tordre pour recoller à Lactalis et Sodiaal. C’est une règle du marché : ne jamais payer durablement plus que ses concurrents.
Mieux se structurer, prendre du poids, gagner en maturité
Est-ce en imposant par la loi des indicateurs plus pertinents que les OP seront, demain, mieux traitées, comme l’a suggéré, lors des premières assises de France OP Lait, la députée Martine Leguille-Balloy, qui a œuvré à l’écriture du texte Égalim ? On peut rêver. Plus certainement, les OP ne doivent compter que sur elles-mêmes. Cela pour gagner en maturité (elles n’ont que dix ans d’âge), mieux se structurer, prendre du poids… Là sont les ambitions affichées aujourd’hui par les OP sous l’ombrelle de France OP Lait. C’est à ce prix qu’elles peuvent espérer rééquilibrer le rapport de force, aujourd’hui en leur défaveur, face à certains groupes. Espérer aussi négocier des indicateurs de marché PGC export ou ingrédients qui reflètent mieux la valorisation de ces débouchés.
Paris devra jouer le jeu
La réforme de la Pac est, à ce titre, une occasion qu’elles ne veulent pas rater. Elle prévoit en effet des mesures spécifiques en faveur des OP. Elles pourraient ainsi bénéficier de programmes opérationnels qui, sur le principe du cofinancement (1 € investi par l’OP, 1 € par l’UE), pourront accompagner leurs projets d’investissements : reprise en main de la facturation, gestion du froid, suivi par un technicien d’un cahier des charges dans lequel est engagée l’OP…
Mais il faudra pour cela que Paris retienne cette mesure Pac, qui n’est qu’optionnelle. On voit mal comment elle pourrait ne pas le faire après l’appel d’Emmanuel Macron, dans le cadre d’Égalim, aux OP à se structurer. Paris pourrait aussi donner de l’ampleur à ce levier en allant au-delà du minimum de 3 % des aides du 1er pilier prévues, 222 M€ par an (3 % de 7,4 Md€) à se partager entre toutes les productions agricoles.
Autre question stratégique : Paris fléchera-t-il ces aides aux seules OP avec transfert de propriété ? Dans ce cas, les OP Lactalis, Sunlait ou FMB en seraient exclues… Un comble.
Jean-Michel Vocoret
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