
Débouchés. La perte d’activité des éleveurs en vente directe varie selon le circuit de commercialisation et l’environnement.
Les conséquences du confinement sur l’activité des quelque 2 500 éleveurs laitiers qui pratiquent la vente directe sont très contrastées, avec parfois un recul des ventes de 60 à 80 % dans les zones à faible densité de population. « Les plus touchés sont les fromagers qui vendent leur production à des affineurs, ou à des grossistes en lien avec la restauration et les collectivités, souligne Yves Grandemange, responsable de la section vente directe de la FNPL. La fermeture des rayons de découpe de la grande distribution est particulièrement préjudiciable aux producteurs fermiers AOP. » Sur les marchés de plein air, la situation est aussi très variable, puisque « selon les niveaux de propagation du Covid-19, les préfets ont, localement, autorisé ou non leur réouverture ».
La situation est d’autant plus problématique pour les 30 % d’éleveurs qui réalisent 100 % de leur activité en circuit court. Des solutions techniques peuvent être envisagées pour faire du report de stocks : congélation des caillés, fabrication de fromages à pâtes pressées ou mise sous vide.
Livraisons à domicile et drives fermiers se développent
Là où les marchés sont fermés, la FNPL a obtenu du ministère une dérogation d’agrément sanitaire temporaire qui permet à tout producteur fermier de se tourner vers les livraisons en GMS. Les différentes enseignes jouent plus ou moins le jeu. « L’appel de la grande distribution à se rapprocher d’elle ne s’est pas vraiment concrétisé dans les faits », observe Laurent Bauduin, président de l’ARVD, l’Association régionale des vendeurs directs de produits laitiers des Hauts-de-France, qui compte quelque 300 adhérents, pour un volume de 15 Ml. Pour compenser l’arrêt de débouchés vers la RHF, les lycées ou les Ehpad, qui représentent des volumes importants, les éleveurs s’adaptent et se tournent vers d’autres voies de commercialisation : vente à domicile, drives fermiers lorsqu’ils disposent d’un lieu de vente, ou points de dépôt. « Ce sont des solutions beaucoup plus chronophages, mais qui fonctionnent bien dans des zones avec un bassin de population important. »
Sur ce principe, Antoine Jean, installé à 30 km au sud de Lille, a plus que compensé l’arrêt des commandes de deux grossistes qui écoulaient une part importante de sa production fromagère. « Dans un premier temps, j’ai pensé devoir recourir à du chômage technique pour les deux salariés de la fromagerie, explique-t-il. Aujourd’hui, nous sommes sur le pont pour pouvoir répondre à la demande, avec un chiffre d’affaires en augmentation en mars et en avril. » Il a multiplié les livraisons de quantités modestes auprès de petits commerces de l’agglomération, et enregistre une « explosion » de la demande venant de coopératives de consommateurs et de la vente directe à la ferme.
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