Le plan du Cniel fait débat

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Désunion. Même en situation de crise, les querelles continuent de s’afficher. Le Cniel en fait-il trop ou pas assez ? À chacun sa vérité.

Afin de tenter d’atténuer le pic de production printanier, le Cniel a pris la décision de proposer une indemnisation de 320 €/1 000 l pour une baisse de production volontaire comprise entre 2 et 5 % sur le mois d’avril 2020. Pour financer cela une enveloppe de 10 M€ a été débloquée sur les fonds propres du Cniel (6,5 M€ viennent de la réserve disponible et 3,5 M€ du remboursement de l’avance faite à l’usine Lubrizol). Un effort substantiel qui représente un quart du budget de l’interprofession. Rappelons que les producteurs assurent 70 % des cotisations interprofessionnelles. Pour mettre en place ce plan, le Cniel avait pris le risque de ne pas attendre l’accord de la Commission européenne. La décision politique est arrivée de Bruxelles le 22 avril. « Un refus n’était pas envisageable, d’autant que ce plan de réduction volontaire ne coûtera rien au budget de l’UE. Vu la réactivité de Bruxelles face à cette crise, c’était ça ou rien. C’est un mouvement de solidarité pour essayer de limiter les excédents qui pèsent sur le marché. Et c’est maintenant qu’il faut agir, pas en juin », explique Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL.

Les OP shuntées

Ce plan de réduction franco-français, somme toute assez politique, a-t-il des chances de faire des émules ailleurs en Europe ? Personne n’est dupe. Pas plus que sur l’activation, par la Commission, de l’article 222 de l’OCM lait, qui offre la possibilité d’une réduction volontaire de collecte à l’échelle européenne, comme ce fut fait fin 2016. En France, la critique la plus directe est venue de France OP Lait, le syndicat des organisations de producteurs. Il reproche un manque de concertation en amont de cette décision. « Les OP n’ont aucun rôle dans la mise en œuvre de ce dispositif alors même qu’elles ont pour mission d’adapter l’offre à la demande. » Outre cette ingérence dans leur mission, les OP notent que ce plan du Cniel a été une aubaine pour de nombreux industriels­ : « À peine le dispositif annoncé, ils ont complètement décroché des accords ou des contrats avec les OP en annonçant unilatéralement une baisse du prix du lait. »

Opacité des marchés et réduction insuffisante

À la Coordination rurale (OPL), on prend acte de cette décision du Cniel tout en regrettant le manque de transparence des marchés. « Il est impossible de connaître les besoins de l’aval, et l’état des stocks des produits industriels. On nous annonce des excédents sans savoir où l’on va et qui dit vrai », s’insurge Sophie Lenaerts, présidente de l’OPL. Elle rappelle aussi que cette crise se situe à l’échelle européenne et que ce plan proposé par le Cniel, si tout le budget est utilisé, permettra une réduction d’environ 31 millions de litres. « Une goutte de lait qui ne réglera rien du tout. On aura simplement gaspillé 10 millions d’euros. »

Tout autre son de cloche à la Confédération paysanne, qui souhaiterait aller beaucoup plus loin : une réduction obligatoire des volumes de l’ordre de 10 %. « Le facultatif va faire que seules les laiteries les plus en difficultés vont inciter leurs producteurs à réduire les volumes. D’autres en profiteront pour gagner en compétitivité et accentuer la concentration. C’est un effort collectif et solidaire qu’il faut enclencher », insiste Nicolas Girod, de la Confédération paysanne.

Dominique Grémy
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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