Le 9 juin dernier, un cortège d'adhérents du BDM, partis onze jours plus tôt de trois régions de l'Allemagne, arrivait devant la Chancellerie à Berlin. L'occasion pour Romuald Schaber, le président du mouvement, de renouveler sa demande aux responsables politiques de repenser la Pac en lui donnant « un cadre qui permette de payer des prix loyaux » aux agriculteurs. Ce type de manifestation interrégionale est l'un des nouveaux modes d'action d'un BDM redevenu plus discret. Il est bien éloigné de l'action spectaculaire qui avait révélé à l'Europe son existence en juin 2008 : la grève du lait. À l'époque, le discours exigeant un lait payé 400 €/1 000 l porte le BDM sur le devant de la scène agricole et médiatique. Il réunit sous sa bannière 35 000 producteurs de lait à travers le pays. Romuald Schaber ne le sait pas encore, mais son mouvement a atteint son zénith. La grève laisse des blessures profondes entre partisans et adversaires de la grève, et des militants désabusés face au maigre bilan de leur action. Quand le syndicat leur demande de repartir à la bataille en 2009 alors que Français et Belges montent à leur tour au créneau, leur réponse est molle. Dans l'intervalle, l'ardeur des responsables du syndicat a été refroidie par les tribunaux déclarant « illégaux » les blocages des usines comme des camions de collecte. Le BDM retrouve aussi sur le chemin de la mobilisation de ses troupes un adversaire qu'il n'attendait plus : le marché.
La remontée des cours coupe progressivement l'herbe sous les pieds à un syndicat dont la revendication phare était le prix payé au producteur. « L'audience du BDM est proportionnelle au prix du lait en Allemagne. Et ces derniers temps, ce prix est élevé(1) », juge un représentant de l'industrie laitière allemande.
Plus que 25 000 membres revendiqués
Dans ce contexte, les thèses du BDM ne font plus autant recette. « Le BDM avance des solutions simplistes qui sont inapplicables sur le marché des produits laitiers. Il ne propose pas de véritable alternative. Il agite seulement les peurs des éleveurs », affirme-t-on au DBV, le syndicat majoritaire qui a réussi à renverser la vapeur sur le terrain. Le BDM garde des bastions au nord et au sud de l'Allemagne. Mais son audience s'est effritée. Le syndicat reconnaît officiellement une chute du nombre de ses adhérents à 25 000, en précisant que « les cessations d'activité en sont la cause principale ». « Le BDM est une organisation agricole établie sur la scène agricole allemande, mais aussi européenne à travers l'European Milk Board (EMB) auquel adhèrent l'Apli et l'OPL. Ses prises de position pèsent d'autant plus qu'il s'est allié à des associations environnementales, évangéliques, d'aide au développement et de défense des animaux ». Le syndicat mènerait aussi un lobbying très actif auprès des instances européennes à Strasbourg et à Bruxelles. Les adversaires du BDM veulent voir dans cette stratégie d'alliance et d'actions en coulisses, le signe que le mouvement peine à mobiliser et recherche son second souffle.
KONRAD RICHTE
(1) Prix de base entre 330 et 350 €/1 000 kg à 40/34.
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