La coopération ne veut plus de son fleuron Neovia

Article réservé aux abonnés.

Surprenant. Reconnue pour sa recherche et développement à la pointe, source de valeur ajoutée, la filiale nutrition animale du groupe coopératif InVivo est en train d’être vendue à l’américain ADM.

Coup de tonnerre le 2 juillet dernier. Le groupe coopératif InVivo annonce entrer en négociation exclusive avec Archer Daniels Midland Company (ADM) pour la cession de sa filiale Neovia. Il explique vouloir ainsi franchir une nouvelle étape de son plan stratégique en mobilisant ses efforts sur ses moteurs de croissance : l’agriculture, le vin et la distribution. Le monde de l’élevage s’émeut : la coopération semble, avec un certain cynisme, se réjouir de vendre à un américain ce qu’elle annonçait pourtant comme l’un de ses joyaux, et d’abandonner les productions animales.

Plus d’un milliard et demi d’euros

L’offre est alléchante : le géant américain des grains offre 1,5 milliard d’euros. InVivo possède 67,5 % de Neovia, le reste étant entre les mains de financiers (Unigrains…) qui sont prêts à en sortir. Tout Neovia n’est pas concerné car la santé animale (Qalian­, Meriel) a été cédée début septembre au bulgare Huverpharma.

Thierry Blandinières, DG d’InVivo, se veut rassurant : ADM s’engage à poursuivre les partenariats avec les coopératives françaises servies jusqu’à présent par les prémix et la R & D de Neovia. Le groupe américain, qui annonçait dès 2014 vouloir sortir des seules commodités agricoles vers le secteur de la nutrition animale à plus forte valeur ajoutée, est ravi d’entrer sur le marché français.

Mais surtout, ADM veut faire de Neovia la pierre angulaire de son projet international pour se hisser devant Cargill, leader mondial. La guerre est notamment déclarée sur les segments les plus techniques et pour gagner la bataille du « sans antibiotique » où l’expertise française de Neovia est reconnue. D’où la stupeur du monde de l’élevage face à la cession de cette source de valeur ajoutée.

Une certaine aigreur

En interne, ce projet n’est pas non plus du goût de tous : dès le 9 juillet, les départs du PDG de Neovia et de son conseiller ont entraîné un remaniement du comité de direction avec la prise de pouvoir de Thierry Blandinières et l’arrivée de son directeur financier, Mark Winn.

Une histoire liée à celle de l’élevage français

L’histoire de Neovia remonte aux années 1960, même si le nom n’a que deux ans. Elle puise dans les deux grands mouvements de la nutrition animale : la coopération, avec la firme service Ucaab (devenue Inzo, puis InVivo NSA), et le privé avec le fabricant d’aliments Guyomarc’h. Après de nombreux rebondissements, ce dernier, rebaptisé Evialis, a été ingéré par InVivo en 2007. Les deux structures annonçaient alors viser la position de numéro un mondial de la nutrition animale. La stratégie de conquête internationale suivie depuis, via des croissances internes et de nombreux rachats d’entreprises de prémix sur tous les continents, explique que Neovia est aujourd’hui présent dans vingt-huit pays. Il compte plus de 8 000 salariés dans le monde.

Yann Boloh
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

Tapez un ou plusieurs mots-clés...