La charte d’engagement pour la création de valeur, et son équitable répartition dans les filières, doit être prise pour ce qu’elle est : juste la somme de bonnes intentions d’acteurs aux intérêts contradictoires (producteurs, IAA et GMS), dont une grande distribution surpuissante, sourde depuis des lustres à toute notion de création de valeur. Cela vaut notamment sur les produits laitiers considérés comme des produits d’appel pour remplir leurs magasins. Il faudra donc plus que des intentions pour croire que les GMS ont changé de registre.
Le bel exemple du beurre
Nous avons d’ailleurs sous les yeux un exemple cinglant du non-fonctionnement de la filière. Depuis le printemps, forts de la remontée de la valorisation du beurre sur le marché mondial, les transformateurs alertent les GMS pour recaler les contrats. Ce n’est qu’au bout de six mois qu’elles ont consenti une hausse des prix d’achat… Mais encore loin du compte. Il manquerait toujours 0,50 à 1 €/kg. Nul doute que si la valorisation du beurre avait baissé, les GMS auraient depuis longtemps revisité leurs contrats.
« Ne soyons pas naïfs. Des dispositions législatives seront nécessaires pour que les intentions de cette charte se concrétisent », expliquent les transformateurs.
« Faire plus que remonter le seuil de revente à perte »
« Pour relancer la création de valeur au profit des agriculteurs, la remontée du seuil de revente à perte (SRP) et l’encadrement des promotions ne suffiront pas », selon Dominique Chargé, président de la FNCL. Il voit au moins deux points législatifs supplémentaires à activer. « Il faut arriver à interdire l’exigence par la GMS à son fournisseur de prix abusivement bas. Les clauses de renégociation de contrats doivent aussi être plus contraignantes, liées à la variation d’indicateurs incontestés, mais aussi limitées dans le temps avec obligation de résultat. Et en cas d’échec, le contrat doit être suspendu. »
Dans l’affaire du beurre, la non-suspension des contrats fait que les industriels qui n’ont pas fourni les GMS opposées à accepter leurs hausses de tarif, ont à payer des pénalités. L’ardoise serait énorme. C’est d’ailleurs l’un des premiers sujets à résoudre dans les négociations commerciales sur les marques qui ont démarré en novembre… et pour lesquelles cette charte a été signée.
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