« Exploiter jusqu'au bout sans plomber l'avenir ! »

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En attendant la construction de l'aéroport qui ne fait pas l'unanimité, certains voudraient une gestion plus collective des terres progressivement libérées.

D eux ou trois fois par semaine, un hélicoptère nous survole. Régulièrement, des uniformes bleus nous contrôlent. On s'habitue, à défaut de se résigner.» Se résigner, ce n'est pas le choix de Sylvain Fresneau, figure emblématique de ce coin de Loire-Atlantique qui prend parfois des allures de Larzac. « Pas question de m'en aller, j'irai jusqu'au bout.»

Jusqu'à l'expulsion sans doute pour cet éleveur laitier en Gaec (200 ha, dont 120 ha dans l'emprise du futur aéroport).Son exploitation est l'une des cinq qui refusent de « se vendre » à AGO-Vinci. « Il n'y a guère de paysans pro-aéroport, mais certains, lassés, l'ont fait. Je ne les blâme pas mais ce n'est pas mon choix.»

N'empêche, des terres, rachetées, se libèrent progressivement au sein du périmètre visé par la déclaration d'utilité publique (1 ha). Mais tous estiment qu'elles doivent continuer à produire jusqu'aux travaux, s'ils doivent se faire. L'an dernier, sous forme de prêt à usage, AGO-Vinci a ainsi remis provisoirement une centaine d'hectares qu'elle contrôle désormais, à la disposition des agriculteurs. Au Comité consultatif foncier(1), structure créée il y a trois ans, on a pensé adopter des règles d'attribution de ces 100 ha. « Mais nous n'avons pas trouvé comment faire », reconnaît Christophe Sablé, son président, et secrétaire général de la chambre d'agriculture. « Du coup, la répartition s'est faite lors d'une réunion avec Vinci, entre les exploitants concernés. »

« L'ambiance n'est pas toujours sereine entre les agriculteurs »

Pour Sylvain Fresneau et certains collègues, cette forme de « gré à gré » ne suffi t pas : « Sur le terrain, l'ambiance n'est pas toujours sereine entre les agriculteurs et cette année, il y aura 100 à 150 ha de plus à répartir. Cela justifierait une approche plus collective de la gestion de ces surfaces… car l'impact va au-delà des fermes, sur l'activité de la Cuma par exemple. »

Au-delà, la problématique concerne un périmètre bien plus large, celui de la zone d'aménagement foncier (16 000 ha). « Là aussi, il y a des arrêts d'activité et des terres se libèrent, remarque Christophe Sablé. Avec une réserve foncière et des conventions de mise à disposition établies par la Safer, et dont sont informés en priorité les exploitants touchés par l'aéroport, il est possible d'obtenir des autorisations d'exploiter précaires. Mais aller plus loin est compliqué tant il y a d'acteurs impliqués.»

De plus, il n'est pas facile de se porter à l'avance candidat sur ces terres pour ceux qui ont décidé de lutter jusqu'au bout contre l'aéroport. À l'image de Sylvain qui, avec de nombreux mouvements (Europe Écologie-Les Verts, Bretagne Vivante, la Confédération…) partage cette conviction : « Il faut sortir d'un projet d'aéroport inutile et sans avenir ! »

GWENAËL DEMONT

(1) Il regroupe la chambre d'agriculture, les quatre syndicats agricoles FNSEA, JA, Confédération paysanne, Coordination Rurale, et des élus locaux

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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