Eleveurs à Hammeville, dans le sud de la Meurthe-et-Moselle, dans l'un des secteurs du nord-est les plus touchés par la sécheresse, Angélique et Laurent Talotte se sont rendu à l'évidence une fois leurs 30 ha de maïs fourrage récoltés : les 280 m3 en silo représentent à peine deux tonnes par hectare de matière sèche ! Leur assurance aléas climatiques viendra certes amortir le choc. Mais « c'est une douche froide : nos maïs n'étaient pas beaux, et sans épis sur la moitié de la surface, mais nous espérions mieux, des collègues de la Cuma ayant obtenu 4 ou 5 tonnes par hectare », expliquent ces producteurs de 600 000 litres de lait sur 138 ha (75 ha d'herbe, 30 ha de maïs et 33 ha de cultures). Les 70 laitières en traite robotisée reçoivent du maïs toute l'année. Faute d'herbe sur la trentaine d'hectares consommés en été, elles sont déjà repassées à une ration hivernale au 10 juillet. Il reste du stock de maïs ensilage de 2014, mais pas assez pour établir leur ration, cet automne, sur deux tiers de maïs comme d'habitude.
« Ne pas dépenser pour vendre le lait à 290 € »
« Nous disposons d'assez de paille pour assurer l'alimentation de toutes les élèves. La récolte d'ensilage d'herbe a été normale, et celle de foin, bonne, grâce notamment au ressemis l'an dernier d'un mélange suisse sur 7 ha (8 t/ha de MS récoltées en deux coupes). Avec notre conseillère Optival, nous avons donc décidé de basculer la ration de base des laitières sur deux tiers d'herbe (foin, enrubannage, ensilage) et un tiers de maïs (12 kg/vache/jour) complémenté aux tourteaux, de maintenir les 5 kg de drèches et d'ajouter 2 kg de céréales. Quarante tonnes de blé et d'orge ont été conservées, c'est deux fois plus que d'ordinaire. De plus, nous avons amorcé un tri sévère des vaches à réformer et nous ferons vêler toutes nos génisses », récapitule Laurent.
L'objectif est clair : limiter les besoins et maximiser l'utilisation des ressources alimentaires de la ferme. « Nous n'avons pas de trésorerie pour acheter à l'extérieur...expliquent-ils. Nous n'écartons pas l'achat de farine de maïs, uniquement s'il existe une opportunité financière. Et nous acquerrons si besoin du foin. Pas question de dépenser pour l'instant, pour vendre le lait à 290 € en fin d'année ! » Une baisse de la production moyenne (30 kg/vache/jour) est prévue. « Nous envisageons pour l'instant 2 litres en moins, advienne que pourra ! » lance Laurent, dépité. Dans ces conditions, et en restant très vigilant sur l'avancée du silo de maïs, le couple compte pouvoir passer l'hiver. « C'est au printemps et à l'été que les fourrages poseront problème... » Huit hectares de méteil cultivé en dérobé seront ensilés en mai 2016. Ils ont aussi prévu une orge d'hiver qui pourra être ensilée si nécessaire. Et en 2016, ils comptent semer 23 ha de maïs et 8 ha de sorgho après le méteil.
CATHERINE REGNARD
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