Trente-huit producteurs ont obtenu le remboursement des retenues sur leur payes mais la laiterie fait appel.
N ous en avons eu assez de subir une baisse du prix du lait, dont nous ignorions même le montant pour le mois suivant ! Depuis la signification de l'ordonnance nous donnant raison le 1er février dernier, nous savons qu'une poignée de producteurs peut gagner en justice, même si c'est la bataille du pot de terre contre le pot de fer ! », souligne Muriel Lassalle, installée à Saint-Hilaire-Luc (Corrèze), entourée de Roland Bourdassol, Jean-Paul Goy, Christophe et Pierre-Marie Mègemont, éleveurs dans le Puy-de-Dôme. Tous font partie du groupe de producteurs ayant déposé plainte en décembre dernier, contre la Société laitière des Monts d'Auvergne (SLMA), ex-établissement Toury à Theix (Puy-de-Dôme) et racheté en 2007 par le Glac et les établissements Dischamp. Motif de cette rébellion : une retenue dénommée « situation conjoncturelle » appliquée sur le prix du lait de juillet à décembre 2011.
Avec des fourchettes d'ajustement allant de 6,45 €/1 000 l en juillet pour atteindre le record de 21,14 € en septembre, la baisse moyenne enregistrée s'élève à 14,42 € en sept mois. « Il est inadmissible que nous soyons traités comme de simples fournisseurs de matière première dont on dispose à souhait ! Nous pouvons légitimement espérer des relations de confiance et de partenariat avec nos entreprises ! », s'insurgent les producteurs, partis au front sans aucun soutien syndical, comme ils le précisent.
Plus de 50 000 € en jeu
« Le manque à gagner représente de 400 € à plus de 3 000 € en fonction du litrage livré par chaque exploitation », soulignent les éleveurs qui ont donc intenté une action en justice. Leur avocat a demandé le remboursement « des sommes indûment prélevées » pour un total de plus de 50 000 €. L'ordonnance signifiée le 1er février donne raison aux producteurs et condamne la SLMA à verser lesdites sommes et les frais inhérents à la procédure. La laiterie a fait appel. « Nous ne sommes pas tenus de payer le lait au prix interprofessionnel du Crielal, qui n'est qu'un prix recommandé et en aucun cas réglementaire, précise Jean-Luc Dischamp, à la SLMA. Le marché du lait UHT a été difficile en 2011, avec une augmentation des importations et une baisse de la consommation. La situation conjoncturelle a connu de réels problèmes. » Le Glac, qui détient 70 % de la SLMA, s'est par ailleurs engagé à suivre le prix interprofessionnel pour le premier trimestre 2012 sur les bassins Auvergne et Poitou-Charentes. Dans l'attente du passage en appel, la SLMA est tenue de régler les sommes exigées aux producteurs. « C'est un premier pas important pour nos finances et notre dignité », soulignent les éleveurs. Une indemnité de 150 € doit également leur être versée au titre de l'article 700 du code de procédure civile.
MONIQUE ROQUE-MARMEYS
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