Q
uand tu vas voir tes animaux, ils te disent des choses. À condition de les regarder et de les écouter comme il le faut », affirme Hugues Leroux, producteur de lait à Guérande (Loire-Atlantique). Une attitude un peu nouvelle pour cet éleveur, installé il y a un an et demi, et qui conduit, en bio, 45 vaches laitières avec le concours de sa conjointe Anne-Sophie, et de son futur associé Thomas Lebot. Son objectif : jouer la prévention pour se passer chaque fois que possible des médications chimiques. « Il n'y a rien de plus frustrant que de devoir utiliser un antibiotique pour soigner une vache quand on n'a plus d'autre choix ! » Et puis, Hugues Leroux en est convaincu : « Sur une exploitation, on peut déléguer plein de tâches, mais la santé du troupeau passe d'abord par l'éleveur qui ne peut pas se contenter de dire à son vétérinaire : "Gère-moi ça" ! »
Privilégier les traitements alternatifs
Dans un premier temps et pour aborder ces questions, Hugues a échangé en groupe, avec des collègues. Cette réflexion, onze éleveurs du GAB 44(1) l'ont conduite il y a deux ans. Avec l'aide de vétérinaires dont le groupement s'est attaché les services, ils ont bâti et testé une méthode d'accompagnement individuel. Leur but : devenir pleinement acteurs de la santé de leurs vaches.
Tout débute par une demi-journée de diagnostic sur l'élevage, avec l'une des vétérinaires, afin de repérer les facteurs de risques. En découle un rapport de visite, transmis au vétérinaire traitant. Il détaille les marges de progrès. « J'ai surtout appris à observer mes vaches... et d'abord, quand tout va bien, quand elles ne sont pas malades. » Certes, tout éleveur a déjà peu ou prou ce souci d'observation de ses animaux. « Mais aujourd'hui, je sais mieux comment et quoi regarder, sur chaque vache : son poil, son caractère, son comportement dans le groupe... Quand je détecte ainsi un mal-être chez un animal, j'ai le sentiment d'être un peu plus éleveur qu'avant et ça me fait plaisir. » Cela lui permet d'intervenir plus tôt, s'il en est besoin, en privilégiant chaque fois que possible les traitements alternatifs : aromathérapie ou homéothérapie. Vingt-cinq éleveurs ont souscrit à ce mode d'accompagnement. L'initiative, soutenue par le conseil général de Loire-Atlantique, est suivie de près par les laiteries, « à l'heure où l'antibiorésistance constitue un enjeu majeur de santé publique », disent-elles. S'il a été créé par les « bio », le service est d'ailleurs ouvert aux éleveurs non bio.
GWENAËL DEMONT
(1) GAB : Groupement des agriculteurs biologiques.
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