Alors que le modèle laitier enseigné dans les écoles d'agriculture américaines est plutôt celui du zéro pâturage, les grazers, adeptes du pâturage, se soucient de la pérennité des systèmes à l'herbe qu'ils ont développés. C'est le cas de Jo Tomandl, installé dans le Wisconsin, l'un des États les plus laitiers des États-Unis. « Avoir une agriculture diversifiée nous semble important, explique ce père producteur du comté de Marathon. Or, dans notre région, la plupart des grazers ont 55 ans et dans les prochaines années, des exploitations de 200 à 300 acres (80 à 120 ha) seront à reprendre. Alors que les enfants d'éleveurs font de plus en plus souvent des études à l'université et ne sont pas intéressés par la reprise de la ferme familiale, la transmission des connaissances pratiques à des jeunes venus d'autres horizons est un enjeu essentiel. Le pâturageest en effet fondé sur une expérience de terrain et sur l'adaptation à un milieu biologique vivant. »
Programme d'apprentissage d'élevage à l'herbe
Pour former les futurs candidats à l'installation et les futurs salariés qualifiés qui travailleront dans les exploitations de demain, Jo et ses collègues du réseau GrassWorks ont inventé un programme d'apprentissage. Ouvert aux titulaires du high school diploma américain (baccalauréat) ou d'un niveau équivalent, celui-ci s'étale sur 4 000 heures réparties sur deux ans. « L'essentiel du temps se passe en élevage, souligne Jo, responsable de la formation. Une partie théorique de 288 heures est consacrée aux connaissances de base en élevage laitier, santé animale et gestion du pâturage. Elle est dispensée dans les locaux d'un lycée technique de la région. » Cet enseignement est assuré en partie par des éleveurs qui ont la fibre pédagogique comme Jo, qui a été professeur quatre ans avant de s'installer. « Selon son projet, l'apprenti peut approfondir un certain nombre de sujets en participant à des conférences ou à des visites de pâture. » Une indemnité est versée au jeune dans le cadre du contrat passé avec le maître d'apprentissage et payée en argent (8 $/h) ou en avantages en nature (veaux qui serviront à monter un futur troupeau, hébergement…). Le montant croît au fur et à mesure de la formation, qui débouche sur un certificat de master of grazer (maîtrise du pâturage).
Alors qu'en 2011, une dizaine de jeunes ont été intégrés à ce programme, Jo Tomandl est persuadé que le grazing va se développer. « La reprise des fermes classiques devient difficile à cause de la lourdeur du capital et de la charge de travail. Les systèmes à l'herbe peuvent intéresser la nouvelle génération, à condition d'inventer un modèle économique attractif pour les éleveurs qui veulent aller de l'avant. En effet, les grazers sont le plus souvent de petits agriculteurs qui se contentent de peu pour vivre. ».
ANNE BRÉHIER
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