La vie des coopératives de vente de lait n'a pas été un long fleuve tranquille ses quinze dernières années. Certes, il y a eu la création en 2006 de Laitnaa (230 millions de litres) dans le Nord-Est. Mais avant, on a vu le naufrage de l'URCVL (300 Ml) en Rhône-Alpes, et l'aventure du Gie Maugilait (42 Ml) dans le Maine-et-Loire tourner court. L'initiative de certains, comme l'ULPL en Lorraine, d'investir dans la transformation, n'a pas non plus été couronnée de succès. Curieusement, c'est la coopérative dont l'avenir a été le premier menacé qui est toujours là. Et bien là : l'Union laitière de la Meuse avec 374 Ml collectés dans 680 exploitations. Rappelez-vous fin 2002. À la suite de la baisse drastique des prix d'intervention, l'ULM voit près de 100 Ml sous contrats dénoncés (dont 70 Ml de Lactalis) se retrouver à la merci du marché Spot. L'électrochoc est rude.
Partenaire des laiteries, pas concurrent
La coop prend conscience qu'elle ne peut plus se contenter d'être un simple vendeur de lait. Après débat, une stratégie s'impose : celle qui consiste à continuer d'être le partenaire des acteurs en place mais en apportant de la valeur ajoutée et du service. Écartée, donc, l'idée d'entrer en concurrence avec eux en investissant dans la transformation. En 2009, l'ULM crée à 50/50 avec la coopérative Ermitage (dont elle devient l'un des associés coopérateurs), Valorlait, qui investit 6,5 M€ dans un centre de prétraitement du lait à Bras-sur-Meuse. Une nouvelle étape a été franchie l'an dernier avec l'investissement de 12 M€ pour augmenter la capacité de traitement du site mais aussi améliorer les process de concentration et d'ultra et microfiltration. Proposer des protéines laitières plébiscitées par l'industrie pour compléter sa propre collecte est un moyen de fidéliser les clients. Apporter du service aussi, comme dans le transport de lait, métier assuré via la filiale TML. Elle compte douze semi-remorques qui s'ajoutent à la vingtaine de camions dédiés à la collecte.
Une quinzaine de clients et pas de lait Spot structurel
Au fil des années, l'ULM a su aussi multiplier ses débouchés. Elle travaille aujourd'hui avec une quinzaine de transformateurs, souvent avec plusieurs contrats. « Une majorité d'entre eux courent sur cinq à dix ans », précise Emmanuel Leroy, directeur de l'ULM. Outre l'Ermitage, les fromageries Hutin, propriété de l'allemand Hochland, la Muh en Allemagne dans le giron d'Arla, Renard-Gillard (Sodiaal) ou Nestlé font partie de ses partenaires. « Nous n'avons pas de lait Spot structurel. La croissance de notre collecte depuis 2013 (15 % jusqu'en 2016) a été absorbée par de nouveaux clients ou une demande accrue des autres », explique le directeur. Après une année 2015 à l'équilibre avec un prix du lait moyen à 314,23 €/1 000 l (lait à 38/32), l'ULM se veut confiante en l'avenir. Au-delà de la crise conjoncturelle actuelle, elle constate qu'à ses portes, notamment aux Pays-Bas ou en Belgique, du fait des contraintes environnementales, des outils industriels auront besoin de lait, au-delà de leur propre collecte, pour continuer de se développer.
JEAN-MICHEL VOCORET
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