Retards de pluviométrie, semis de maïs dans des terres sèches, sources qui se tarissent… plusieurs signes font craindre à Richard Ambroise une troisième année de sécheresse consécutive. « Même nos céréales n'ont pas suffisamment d'eau pour pomper l'azote, déplore cet éleveur ardennais. S'il ne pleut pas rapidement, nous courons à la catastrophe. » Richard a de quoi être inquiet. Le manque d'eau en 2010 lui a coûté la bagatelle de 15 000 €. Pour nourrir ses 45 montbéliardes, la suite et ses 70 brebis, il avait implanté fin 2009 une dizaine d'hectares de prairie temporaire. « Le déficit hydrique cette année-là avait beaucoup entamé mes stocks fourragers. Je pensais récolter ces surfaces en ensilage. Non seulement j'ai dû ressemer ces pâtures car elles n'ont pas levé mais, en plus, je n'ai pu faire qu'une coupe de foin et ramasser 2 t de MS/ha. » Au printemps, n'ayant plus de maïs dans ses silos et face au manque d'herbe dans ses pâtures, cet éleveur décide de conserver son foin pour ses vaches et de nourrir toutes ses élèves avec de la paille. Il les complémente grâce à l'achat de mélasse et de pulpes de betteraves. Mais l'été, il ne peut pas éviter de commander de l'aliment semi-humide pour ses laitières.
« J'ai emprunté sur dix ans pour payer mes factures »
« J'ai acheté trois semi-remorques de 25 t à 1 500 €/pièce. » Le maïs a également beaucoup souffert de la sécheresse. Les rendements n'ont pas dépassé 11 t de MS/ha contre les 15 t espérées. Richard a dû ensiler la totalité de sa surface (20 ha) alors qu'il pensait vendre 5 ha en grain. Ce fourrage n'a d'ailleurs jamais mûri et a dû être récolté à 28 % de MS. « Je suis content d'avoir pu substituer mon aliment de production habituel, dont le prix a grimpé à 350 €/t, par un autre nettement moins cher à base de son de maïs à 170 €/t. » Ces achats ont fortement dégradé la trésorerie de cette exploitation, déjà mise à mal par la crise du lait en 2009.
« J'ai contracté un emprunt à long terme sur dix ans pour payer mes factures d'aliments. J'ai fait une demande pour bénéficier d'un prêt bonifié dans le cadre du plan Sarkozy, mais notre situation financière n'était pas suffisamment dans le rouge », regrette Richard. Aujourd'hui, il redoute de manquer de fourrage si la sécheresse persiste. En implantant, pour la première fois, 5 ha de céréales immatures à l'automne dernier, cet éleveur pense malgré tout être à l'abri. « Le mélange à base de triticale, de blé et pois fourrager d'hiver a bien poussé. Je pense le récolter d'ici à quelques semaines. Je souhaite ensuite ressemer un second mélange à base d'avoine brésilienne et de vesce. S'il ne pleut pas, ce sera difficile. »
NICOLAS LOUIS
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