La fin des quotas toute proche aiguise les appétits à produire plus. Annoncerait-elle aussi de fortes restructurations ? Toujours est-il que le thème des grands troupeaux intéresse. Pour preuve, la conférence « Comment manager les grands troupeaux demain », organisée par Clasel, a réuni pas moins de 530 participants. Des éleveurs de Sarthe et de Mayenne, mais aussi de beaucoup plus loin, sont venus écouter la bonne parole d'experts internationaux rompus au pilotage d'élevages de 100 à 1 500 vaches avec des niveaux de production de 1 000 à 14 000 l/VL. Autant dire du très lourd. Clasel a tenu à relativiser l'échelle de nos troupeaux hexagonaux. Sur sa zone, la moyenne est de 55 laitières et pourrait se situer entre 70 et 85 en 2020. Si les troupeaux de plus de 100 vaches sont une centaine (sur 3 500 adhérents), ils seraient entre 300 et 400 en 2020. En France, 2,5 % des élevages ont plus de 100 têtes aujourd'hui et 0,5 % dépasse les 300 têtes.
Qu'importe, laissons-nous bercer par la douce musique du productivisme à grande échelle.Première leçon : apprendre à ne pas s'affoler. « Avec 40 vaches, vous avez 2 retournements de caillette par an, avec 400, ce sera 25 et avec 4 000 vaches, c'est 5 par semaine. C'est aussi 6 non-délivrances hebdomadaires et une vache morte tous les jours. » Avec un grand troupeau, on ne s'embarrasse plus de certaines choses, notamment dans le bâtiment. La règle est de saturer très vite l'investissement et d'assurer le confort des vaches, pas celui du personnel. Donc, 100 logettes pour 115 à 120 vaches, pas de bardages, jugés inutiles, mais des logettes bien réglées et confortables, de préférence sur sable, plus efficaces sur tous les points (confort, sanitaire, etc.). Une seule ration à haut potentiel pour les vaches en lactation, mais deux ou trois groupes (génisses, hautes productrices, basses productrices). Zéro refus, cela coûte trop cher, mais il faut que l'auge soit toujours humide. L'attention est très marquée sur la période du tarissement jusqu'au pic. Les taries se managent en deux groupes pour éviter d'avoir des vaches grasses (trop de risques de maladies métaboliques) et pour soigner la préparation du rumen au vêlage. Cela se fait par un contrôle précis du niveau d'énergie, de la Baca, et du rapport oméga 6-oméga 3 qui influe sur la fertilité.
L'obsession de la fertilité
Mais l'obsession d'un manager de grand troupeau reste la fertilité. Le taux de gestation par vache fécondable serait le critère le plus corrélé au résultat économique. Et il faut dépasser le seuil des 20 %. Or, avec une vache sur deux repérée en chaleur et 30 % de réussite en première IA, le compte n'y est pas. Alors tous les moyens sont bons : podomètres, mais surtout protocoles systématiques de synchronisation des chaleurs. Qui dit grand troupeau dit main-d'oeuvre salariée, et les ratios de 1 UTH pour 600 000 l, voire 800 000 l (80-100 VL) annoncés en Australie ou en Grande-Bretagne laissent perplexes.
DOMINIQUE GRÉMY
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