Le 23 mars, jour où il a reçu la paie de lait de février (180 € les 1 000 litres en prix de base), Dominique Garrot a eu un choc. « Jamais nous n'aurions pensé tomber un jour aussi bas, explique l'éleveur de Bligny-le-Sec, dans le Châtillonnais, en Côte-d'Or. J'en veux au conseil d'administration qui ne nous a jamais dit la vérité sur la situation de la coopérative. À l'exception du nouveau président, qui a repris courageusement les rênes de la CLB dans la tourmente. » Installé sur 260 ha dont 120 ha de céréales avec du lait (420 000 litres de lait) et de la viande (35 vaches charolaises), Dominique Garrot craint un été très difficile en l'absence de valorisation du lait, commercialisé chez Granarolo en Italie. « Sans être pessimiste, le prix de base de notre lait pourrait tomber à 156 € les 1 000 litres en mai et juin », déclare Dominique.
L'espoir d'un bonus de 20 €/1000 litres
En Gaec avec son beau-frère, Dominique Garrot n'attend malheureusement pas d'amélioration d'ici le 1er janvier 2017, date à laquelle il deviendra, comme la plupart de ses 41 collègues, sociétaires de l'Union laitière de la Meuse (ULM), la coopérative lorraine qui a proposé à la CLB une fusion-absorption(1). « Peut-être aurons-nous d'ici là un bonus de 20 € les 1 000 litres lié à la modernisation de notre flotte de collecte, espère-t-il. Des semi-remorques de 27 000 litres vont en effet se substituer aux petites citernes de 20 tonnes qui ramassaient notre lait. »
Comment tenir jusqu'à l'intégration dans l'ULM ?
Une avance de trésorerie, remboursable sur les cinq prochaines années, a été proposée par l'ULM aux exploitations s'engageant à lui livrer leur lait. D'après nos informations, son montant serait d'environ 40 € les 1 000 litres.
À 57 ans, avec ses bâtiments amortis, un coût de production qu'il a réduit ces deux dernières années de 40 € les 1 000 litres en désintensifiant son système de production (passage au tout herbe), et une amélioration de ses taux cellulaires, Dominique Garrot s'estime encore relativement « chanceux ». « Mais pour les jeunes installés et les récents investisseurs, c'est la catastrophe. »
ANNE BRÉHIER
(1) Voir les articles parus dans L'Éleveur laitier n°242 de janvier et n°245 d'avril.
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