« Pourquoi s'obstiner à faire du lait ? »

Le Gaec de la Hount de l'Or exploite 110 ha et dispose de 430 000 l de quota. Olivier vient de terminer sa mise aux normes (plus de 35 000 €), a fait beaucoup d'efforts pour satisfaire aux critères de la route du lait. « Ce serait dommage d'arrêter maintenant ! », déclare Olivier.
Le Gaec de la Hount de l'Or exploite 110 ha et dispose de 430 000 l de quota. Olivier vient de terminer sa mise aux normes (plus de 35 000 €), a fait beaucoup d'efforts pour satisfaire aux critères de la route du lait. « Ce serait dommage d'arrêter maintenant ! », déclare Olivier. (©)

« Tout ça pour ça ! » La motivation des éleveurs gersois résiste mal aux comparaisons avec leurs voisins céréaliers.

Il reste moins de 140 éleveurs laitiers concentrés pour les trois quarts au sud-ouest du Gers. Olivier Guilbert a 40 ans et pas mal de doutes. Car avec Thierry, son frère, il est installé à Puységur, au nord d'Auch, une zone d'élevage diffus : « Mon plus proche voisin est à 6 km, seul laitier sur son canton. Sur le mien, on est encore trois. Pour combien de temps ? Comment organiser l'entraide quand on ne peut pas rendre les heures au voisin céréalier ? Et pour quel revenu ? Le prix du lait continue de baisser tandis que l'aliment flambe. » Aujourd'hui, les cessations laitières n'ont rien de comparable avec la vague observée entre 2007 et 2010, mais leur impact est conséquent à cause des volumes plus importants(1). « Jusqu'au coup d'arrêt de 2009, nombreux y ont cru, agrandissant les troupeaux, gagnant en productivité, se mettant aux normes, témoigne Jean-Claude Baup, technicien à la chambre d'agriculture de Gers et animateur du réseau de référence. Avec ce nouveau palier sur le prix des intrants, ils constatent que cela ne suffit plus. D'où la tentation de déposer les armes. » Responsable du site de Montauban de Sodiaal, Michel Blanc relativise : « 600 €/t de soja en juillet, c'est du jamais vu ! mais sur l'année, le lait n'a baissé que 6 à 7 c, pour un prix moyen de 312 €/1 000 l. » Pour lui, le contexte social compte tout autant. Là où les structures ont des surfaces disponibles pour les cultures, la bascule peut être brutale. Pour faire face, depuis dix ans, les laiteries ont mis en place des accords de collecte pour rationaliser les tournées. L'inquiétude n'est donc pas de ce côté-là, pour l'instant : « Mon transporteur vient de Fleurance, à 11 km. Il sera bientôt à la retraite. Pas sûr que son fils prenne la suite », pointe l'éleveur qui s'interroge sur son environnement dans dix ans. S'il y est obligé, il quittera le métier. Car il n'a pas l'âme d'un céréalier.

Des pistes techniques

Tous les acteurs de la filière sont de fait confrontés au même défi : redonner du souffle, mobiliser… Pas facile quand beaucoup d'éleveurs n'ont plus sollicité d'appui technique depuis le dépôt de bilan de l'association départementale en 2009. Il y a pourtant à faire : « Double culture sur l'année, techniques culturales simplifiées, les expériences menées dans le département sont probantes… L'objectif est de produire plus de protéines, de rendre les exploitations plus autonomes mais aussi de raisonner la complémentarité entre élevage et cultures », martèle Jean-Claude Baup. Encore faut-il en avoir encore envie. Et retrouver de l'émulation, même à distance.

MIREILLE PINAULT

(1) 21 demandes de cessation laitière dont 3 partielles en août dernier, soit 4,7 Ml, et 28 demandes de quotas pour 1,35 Ml de lait sur cette campagne.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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