Le confiné parle aux confinés

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Didier Marandin
Didier Marandin (©)

Tel le général de Gaulle lors de l’appel du 18 juin : pom pom pom pom, « Les Français parlent aux Français », je lance un message sur le web.

Les temps sont-ils similaires ? Macron parle de guerre sanitaire. Les citadins partent vers la campagne comme au temps de l’exode. Il faut sortir avec son laissez-passer comme l’Ausweis sous l’Occupation. Bruno Le Maire affirme que l’agriculture est stratégique et qu’il n’y aura pas de pénurie, et le consommateur se rue pour dévaliser les rayons alimentaires, même si on est encore loin des tickets de rationnement.

Tiens, soudain, on découvre que la nourriture est un bien précieux, indispensable.

Il y a seulement un mois, la majorité des consommateurs voulait une alimentation pas chère pour acheter des biens de consommation et faire tourner la machine économique.

Nos politiques, qui s’apprêtaient à signer des accords bilatéraux (Ceta, Mercosur…), parlent aujourd’hui d’indépendance alimentaire. De nombreux industriels pensent à la relocalisation.

Rassurez-vous, quand la crise sera passée, tout redeviendra comme avant. La preuve : après la boucherie de 14-18, on disait « plus jamais ça », puis vint la Seconde Guerre mondiale. Après la crise financière de 2008, on disait « plus jamais ça », et les Bourses s’effondrent pourtant. Quand le secteur laitier est en crise, on parle de régulation et quand les prix remontent, nous produisons à outrance jusqu’à la prochaine chute.

Alors, le confiné serait-il désabusé ? Attention à bien prononcer d’une traite ce mot car le premier qui me traite de « con-finé » aura droit à une mandale aller-retour. Audiard avait bien raison de dire que « les cons osent tout et c’est à ça qu’on les reconnaît ». Alors je vais oser. Depuis la nuit des temps, nos ancêtres se battaient contre la famine et la maladie. Nous sommes la première génération depuis la guerre à penser que la science et la technologie peuvent résoudre tous nos problèmes. Hélas, un virus met à mal toutes nos certitudes. Il n’y a pas de traitement ni de vaccins, mais les moyens de lutte basiques manquent. Pas assez de gants, de masques, de désinfectants, car dans un monde régi par l’argent, les stocks coûtent cher. Si j’ai l’air con, comme certains, d’autres ont l’air con comme y a pas.

Méditons cette phrase de Jérome Fénoglio, journaliste au Monde : « Le combat contre l’épidémie nous place face à une injonction contradictoire : pour protéger la communauté il faut s’en extraire, pour protéger le collectif il faut le fragmenter en une multitude de retraits individuels. »

Pascal Pommereul
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
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