Le programme pilote “Oméga 3 – Les deux pieds sur terre”, initié par Danone en partenariat avec Valorex, explore une voie innovante pour réduire les émissions de méthane entérique des vaches laitières : l’incorporation de graine de lin extrudée dans la ration. Un premier retour d’expérience a fait l’objet d’une table ronde au Sommet de l’élevage.
Le lin, un levier naturel pour la décarbonation
Pour Clément Fossaert, coordinateur agriculture régénératrice chez Danone, l’objectif est simple : « incorporer du lin extrudé riche en oméga 3 dans la ration des vaches pour orienter les fermentations du rumen vers la production de propionate, consommateur d’hydrogène (H₂), et ainsi limiter la formation de méthane (CH₄) ». Dans le rumen, les voies de fermentation “C2 » et « C4” (acétate et butyrate) libèrent du H₂, précurseur du méthane. À l’inverse, la voie “C3” (propionate), stimulée par les omégas 3, consomme ce H₂ : moins d’hydrogène disponible signifie moins de méthane produit.
« La voie de fermentation C3 est privilégiée quand on apporte de la matière grasse de type oméga 3 dans la ration. Ce glucose permet de faire un peu plus de lait, de TP, mais aussi de maintenir l’état des animaux » précise-t-il, avant de poursuivre « plus la vache produit de méthane, plus elle produira un lait riche en acides gras saturés, moins bons pour la santé ».
Un suivi en direct avec l’outil “Lait Durable”
Entre janvier et octobre 2025, plus de 4 200 analyses de lait ont été réalisées grâce aux 103 producteurs engagés dans le dispositif sur l’ensemble du territoire national. Le suivi des résultats de cette expérimentation repose sur l’outil “Lait Durable”, un logiciel à disposition des éleveurs. À chaque ramassage du lait, il est analysé pour établir un profil en acides gras et prédire les émissions de méthane entérique. « L’éleveur reçoit un SMS à chaque analyse, détaille le nombre de vaches traites et la production moyenne. À partir de ces données, et grâce aux résultats nutritionnels du lait, l’impact GES (gaz à effet de serre) de la production est calculé, » explique Jean-Loup Glasson, éleveur laitier participant au projet. Ces données sont intégrées dans les outils de diagnostic carbone (CAP’2ER), offrant une vision complète du lien entre alimentation, production et émissions.
Ajuster la ration pour des résultats mesurables
« La quantité de lin apportée est à adapter en fonction du niveau de production », précise Marie Laurent, responsable technique et marketing ruminant chez Valorex.
Compter 400 g de lin extrudé/vache/jour pour une production laitière inférieure à 26 kg/jour, et 500 g/vache/jour si la production journalière est supérieure à 26 kg.
Une adaptation de la ration est nécessaire, notamment au niveau des apports protéiques et de la digestibilité des fibres. « Lorsque les vaches sont au pâturage, il faut réadapter l’apport de lin, car l’herbe contient naturellement des oméga 3, et il est même tout à fait possible d’arrêter complétement l’apport », déclare Marie Laurent.
Des premiers résultats encourageants
Les estimations montrent qu’un apport de 500 g de lin par vache et par jour en hiver permettrait de réduire les émissions de méthane d’environ 9 % : 6 % par l’effet rumen, et 3 % par l’effet productivité. Le retour d’expérience de Jean-Loup Glasson est positif : « Quand elles ont du lin, les vaches ont un plus joli poil, font un peu plus de taux et peut-être un peu plus de lait, et reprennent de l’état ».
Les comparaisons avec des élevages témoins (émissions de méthane, TB, TP, marge sur coût alimentaire, etc.) permettront dans les prochains mois de valider les bénéfices technico-économiques et environnementaux de la démarche, en accord notamment avec le cahier des charges Bleu-Blanc-Coeur.
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