
Le Gaec du Vallonnais, à Vaux-sur-Aure (Calvados), a misé sur la complémentarité herbe-maïs imposée par leur cahier des charges pour mettre en place un système d’alimentation simple et économe en concentré, tout en maintenant une moyenne à plus de 9 000 litres.
Dans le cadre de la collecte AOP beurre et crème d’Isigny, le cahier des charges prévoit un minimum de 40 % d’herbe fraîche ou conservée dans l’alimentation du troupeau laitier et un plafond de 1 800 kg de concentré/vache/an. Sur ce principe, les associés du Gaec du Vallonnais ont fait évoluer leurs pratiques de rationnement avec l’objectif de livrer le maximum de lait bénéficiant d’un bonus de 27 €/1 000 litres.
« L’introduction d’une grande quantité d’herbe suscitait deux craintes : la baisse de concentration énergétique de la ration et la baisse de rendement du maïs ensilage liée à la mise en place de dérobées pour répondre à nos besoins de stock, explique Philippe Marie. Dans les deux cas, nous avons été positivement surpris : nous avons pu maintenir les performances laitières tant en quantité qu’en qualité, d’une part, et les rendements du maïs, d’autre part. »
Intensifier la production de lait à l’hectare grâce aux dérobées
Le principe de rationnement est simple : il repose sur la ration semi-complète et la complémentarité herbe + maïs. Limités à la fois en surface et en place dans les bâtiments (92 logettes), les éleveurs ont fait le choix d’intensifier la production de lait à l’hectare via l’implantation systématique de cultures dérobées avant maïs, soit 24 ha de mélanges RGI + trèfles semés en fin d’été et récoltés dès le 10 avril. « Dans nos conditions de sols lourds, mais de bon potentiel, les récoltes suffisamment précoces permettent de ne pas pénaliser le maïs suivant dans la rotation, avec des rendements de l’ordre de 3 t de MS/ha. Nous testons aussi des mélanges à base de seigle réputés moins gourmands, avec un effet améliorateur sur la structure du sol. L’objectif est une récolte entre 35 et 40 % de MS d’un fourrage haché fin (3-4 cm) pour stimuler l’ingestion et limiter les pertes par les jus. » Les dérobées + 3,5 ha de luzerne ensilées en première et deuxième coupes et quelques fauches de refus assurent les stocks nécessaires pour couvrir les besoins en herbe de fin juillet à mars.
Côté maïs ensilage, la présence de deux silos permet d’avoir du report et un temps de maturation suffisant pour garantir une bonne digestibilité des grains avant ouverture.
Un maïs récolté entre 35 et 36 % de MS
Précaution d’autant plus nécessaire que les éleveurs ont l’objectif d’une récolte à 35-36 % de MS, dans des conditions favorables à la production de grain : 36,7 % d’amidon cette année. C’est pourquoi ils sont très vigilants au bon éclatement du grain et n’hésitent pas à faire des tests pendant le chantier. « Avec des maïs de plus en plus riches en amidon, comme on le voit en 2023, apporter une part importante d’herbe jeune ne peut qu’améliorer la digestibilité de la ration, souligne Pascal Lecoq, conseiller chez Littoral Normand. Elle permet de diluer l’amidon et constitue un apport de fibres digestibles et de sucre dans le rumen. C’est très vrai en Normandie, où les taux d’amidon sont souvent élevés et la DMO légèrement en retrait, en raison d’un cycle végétatif souvent plus long que dans d’autres régions. » Dans cette logique, la longueur de coupe du maïs semble élevée (17-18 mm), mais les tamisages de bouses réalisés avec le conseiller, avec très peu de particules non digérées, valident l’efficacité des pratiques. Ainsi, la ration de base hivernale se compose de 11 kg de maïs ensilage + 9,3 kg d’ensilage d’herbe + 1,6 kg de luzerne + 2 kg de tourteau de colza, et 250 g de minéraux et 45 g de sel. À cette période, les vaches reçoivent au Dac une moyenne de 2,4 kg de colza et 2,2 kg de concentré énergétique de type VL 40.
Outre la volonté de limiter le gaspillage, la complémentation individuelle est plus adaptée à un troupeau mixte holsteins-normandes. Ces dernières, plus sensibles au manque d’azote soluble, ont un peu plus de correcteur. À l’inverse, elles sont moins poussées en énergie, car les apports calés sur ceux de la holstein sont de nature à favoriser l’engraissement des races mixtes aux dépens de la lactation.
Au pâturage, de mi-mars à fin octobre, le troupeau a accès à 20 ha de pâtures, soit environ 20 ares/vache pour 60 % d’herbe au maximum dans la ration. Les vaches tournent sur des parcelles de 1,5 à 3 ha gérées au fil avant pour une ingestion plus régulière. La correction azotée est pilotée selon un taux d’urée bas de 200 g/l, ce qui génère une économie de 0,3 à 0,5 kg de tourteau par rapport à un pilotage plus classique entre 230 et 250 g d’urée. « Le taux d’urée du lait au tank n’est qu’un indicateur, lorsque le troupeau tourne bien d’un point de vue métabolique il n’y a pas de contre-indication à être économe en azote qui coûte cher », souligne le conseiller.
Un coût alimentaire de 116 euros en filière AOP
Au cours de la campagne écoulée, les éleveurs ont livré 795 000 litres de lait en filière AOP avec un chargement de 1,9 UGB/ha et 1 679 kg de concentré par vache, soit un coût alimentaire de 116 €/1 000 l et une marge brute de 426 €. « Le cahier des charges nous a imposé 40 % d’herbe dans la ration et nous sommes aujourd’hui plus proches des 50 %. En définitive, cela s’avère plus facile à gérer, on observe un meilleur fonctionnement métabolique. »
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