
Oubliée la sécheresse de l’année dernière, les conditions de la campagne 2023 ont été très favorables à la constitution de stocks d’herbe de qualité. Tour des régions.
Les années passent et les remontées de terrain valident toujours les mêmes recommandations : se tenir prêt pour aller chercher la qualité d’une herbe précoce, entre mi-avril et au plus tard début mai, selon les régions. Cette campagne est aussi marquée par les pluies d’août qui ont relancé la pousse et permis de constituer des stocks conséquents, avec un fourrage d’arrière-saison dont la qualité nutritionnelle n’est pas à négliger.
En Lorraine : Premières coupes précoces top qualité
En Lorraine, les 150 premiers échantillons analysés par Seenorest révèlent que, profitant d’une courte fenêtre météo autour du 20 avril, les premières coupes 2023 ont de très bonnes valeurs : 0,92 UFL/kg de MS en moyenne et de 15 à 16 % de MAT. « À cette période, les volumes sont certes limités, mais les pluies abondantes de mai ont ensuite permis de faire une deuxième coupe avant le coup de sec intervenu fin juin. Avec une première sortie plus tardive, ces deuxièmes coupes n’ont pas toujours été possibles », analyse Jérôme Larcelet, nutritionniste pour l’organisme de conseil. À titre de comparaison, les coupes réalisées entre le 1er et le 4 mai ont une valeur de 0,88 UFL et 13,5 % de MAT. Mais, en pleine période de semis de maïs, certains n’ont pas pu saisir cette deuxième opportunité et ont dû reporter la fauche après le 15 mai. Ces fauches tardives et volumineuses ont la valeur d’un bon foin : 0,77 UFL et de 9 à 10 % de MAT. « Avec une NDF de 59 %, pour un objectif de la ration globale de 35 à 40 %, elles seront propices à un bon fonctionnement du rumen et à l’expression du TB, mais devront être corrigées en azote et en énergie. Heureusement, les premiers retours d’ensilage de maïs révèlent des teneurs en amidon (de 30 à 33 %) que l’on n’avait pas vu depuis longtemps dans la région. »
Le redémarrage des prairies mi-août a permis de ressortir la faucheuse en fin d’été, voire à l’automne. À noter les très bons résultats de la luzerne : « Plus tardive, elle n’a pas posé de problème de récolte au printemps et a naturellement beaucoup moins souffert du sec en juin. »
Dans le Nord : Des valeurs UFL en léger recul
Dans le département du Nord, le constat est proche : des coupes ensilées autour du 20-25 avril avec des valeurs de 0,91 UFL et 14 % de MAT, selon les premières analyses AgriNIR d’Avenir Conseil Élevage (ACE). Pour les éleveurs qui n’ont pas pu saisir ce créneau, la fauche reportée mi-mai à des valeurs moyennes de 0,87 UFL et 12 % de MAT. « Comparativement à l’année dernière, le froid et le manque d’ensoleillement en sortie d’hiver ont un peu pénalisé les teneurs en sucre et la minéralisation de l’azote, indique Émilie Ledieu, spécialiste fourrage d’ACE. Mais les éleveurs qui ont pu faucher dès avril et faire un second apport d’azote ou de lisier ont pleinement profité de la minéralisation et ont pu récolter une deuxième coupe riche en MAT, et même une troisième coupe fin juin. »
En fin d’été et à l’automne, la conseillère évoque la mise en œuvre d’une à deux coupes supplémentaires. « Avec des valeurs de 0,84 à 0,86 UFL/kg de MS et 15 % de MAT, les analyses de l’automne 2022 montraient que cette herbe, le plus souvent enrubannée, est adaptée à l’alimentation des laitières, à condition de pouvoir faner pour atteindre de 35 à 40 % de MS. Bien sûr, il ne s’agit pas là de fauches de refus en partie épiées. » Ici aussi, les premiers échos font état d’un maïs riche en grain, très complémentaire de rations hivernales intégrant beaucoup d’herbe.
Dans le Puy-de-Dôme : Qualité et volume au rendez-vous
Dans le Puy-de-Dôme, Jean Zapata, conseiller fourrage à l’établissement départemental de l'élevage (EDE), évoque « de bons, voire très bons, rendements. Après trois années de sécheresses, les silos sont pleins, à l’exception de quelques secteurs très localisés où les coupes de regain n’ont pas toujours été possibles ». Les 72 premières analyses de coupes précoces réalisées fin avril-début mai affichent des valeurs intéressantes : une digestibilité (DMO) de 71 %, 14 % de MAT, 0,88 UFL pour les prairies temporaires et 0,89 UFL pour les permanentes. Le conseiller soulève cependant la grande variabilité des teneurs en matière sèche, comprises entre 40 % et 24 %. Les conditions très séchantes de la fin d’été sont ici beaucoup moins favorables à la confection de coupes d’automne : début octobre, la pousse d’herbe était très limitée, de 10 à 20 kg de MS/ha/jour et seulement 10 kg en altitude, « sauf pour les luzernes qui tirent très bien leur épingle du jeu cette année ».
En Normandie : Une stratégie en deux temps
Les départements normands de la bordure côtière affichent ces mêmes tendances. « Les éleveurs qui ont fauché avant le 20-25 avril ont rentré du volume et une qualité très satisfaisante, même si le froid a un peu pénalisé la MAT. Hormis un creux mi-juillet, la pousse de l’herbe s’est bien maintenue et a permis de multiplier les chantiers », analyse Olivier Leray. Le conseiller de Littoral Normand évoque le fort développement de dérobées de type méteil aux dépens du RGI pur, avec des récoltes programmées mi-avril moins pénalisantes pour le maïs suivant dans la rotation. Le stade, ainsi que la fertilisation s’avèrent déterminants pour la valeur du fourrage : sur une dizaine d’analyses d’un mélange seigle-vesce-trèfle, les chantiers réalisés le 15 avril ont une valeur moyenne de 18 % de MAT (de 16 à 21 %), contre 9 % pour les chantiers réalisés entre le 1er et le 5 mai.
« La stratégie des éleveurs en recherche de qualité se décline en deux temps : d’abord les récoltes précoces de dérobées et un peu de prairies temporaires, puis la fauche des prairies sorties du cycle de pâturage entre le 1er et le 15 mai, après une phase de déprimage, des repousses d’une herbe jeune de qualité », conclut le conseiller.
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