La mise en service d’un méthaniseur a bouleversé l’assolement et l’organisation des chantiers culturaux à l’EARL de Saint-Doué, dans le Morbihan. Désormais, les éleveurs gèrent en trois semaines la récolte des Cive d’hiver, l’épandage du digestat et le semis de maïs sur 180 hectares.
« D’une part, il faut nourrir notre troupeau laitier et, d’autre part, notre méthaniseur. » Sur le salon MécaÉlevage, organisé par la fédération régionale des Cuma de l’Ouest le 25 mai à Évellys-Naizin (Morbihan), Thierry Magré, l’un des trois associés de l’EARL de Saint-Doué à Questembert, explique comment l’installation d’un méthaniseur les a obligés à mettre en place une nouvelle organisation du chantier de semis du maïs fourrager à la suite de la récolte des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive).
D’une puissance de 400 kWh, le digesteur avale chaque année environ mille tonnes de Cive en plus des effluents d’élevage. Il s’agit principalement de seigle mis en place en automne-hiver. « Nous faisons aussi des Cive d’été à base de tournesol, moha, nyger et sorgho après céréales, mais elles sont plus délicates à réussir en matière de maturité », détaille Thierry Magré.
Au printemps, les agriculteurs récoltent 180 ha de seigle en une semaine, en essayant de ne pas dépasser la dernière semaine d’avril de façon à semer 180 ha de maïs durant la première quinzaine de mai. « Pour homogénéiser la maturité des maïs, nous devons grouper les semis au maximum », souligne Thierry Magré. Entre les deux opérations, il faut aussi épandre 6 000 m3 de digestat (de 30 à 40 m3/ha).
Un chantier mené avec une ETA
L’exploitation possède des sols sablo-limoneux faciles à travailler, peu profonds et caillouteux. Les éleveurs y pratiquent le non-labour depuis vingt-cinq ans tant pour des raisons agronomiques et d’optimisation de la main-d’œuvre que pour éviter le ramassage des cailloux. En accord avec cette stratégie de conservation des sols, ils ont importé une méthode pratiquée en Allemagne et en Pologne. «Nous faisons appel à une ETA pour l’épandage du digestat après la fauche du seigle, explique Thierry Magré. Elle réalise le chantier avec un automoteur d’épandage ravitaillé par deux citernes de 29 m3, sachant que nous attelons à l’arrière un strip-till enfouisseur Vogelsang pour préparer le sol. Cela nous permet d’économiser un passage. Après le travail de l’ETA, nous semons immédiatement le maïs pour profiter de l’humidité du sol. » Selon l’agriculteur, le transfert du digestat via les citernes, puis l’automoteur d’épandage et son enfouissement immédiat par le strip-till génère très peu de pertes d’ammoniac par volatilisation. Par ailleurs, les chaumes de seigle restant en place dans les interrangs, il n’y a pas de phénomène de faim d’azote lié à l’enfouissement des résidus.

En raison de la date un peu tardive, un engrais starter est ajouté au semis du maïs pour que l’implantation soit la plus rapide possible, avant l’absorption du digestat. « Cette année, en raison des pluies, nous n’avons pu semer le maïs que la deuxième quinzaine de mai », précise Thierry Magré. «Il faut absolument attendre que le sol soit ressuyé pour semer dans de bonnes conditions et éviter tout risque de lissage, quitte à patienter jusqu’à la dernière semaine de mai », confirme Jean-Luc Le Bénézic, conseiller agronomique chez Eureden.
Adapter l’indice de précocité du maïs
Avec son seigle utilisé comme Cive d’hiver, l’EARL obtient un rendement de 6 à 7 tonnes de MS/ha. À la suite, le maïs fourrager produit de 12 à 13 t de MS/ha sans irrigation. « La Cive pénalise un peu le rendement en maïs qui suit, reconnaît Thierry Magré. Nous avons aussi adapté l’indice de précocité pour semer début mai, en passant de la gamme 280-310 à la gamme 260-275. » Parce qu’ils tirent quand même beaucoup de matière sèche de leurs sols, les agriculteurs sont vigilants vis-à-vis des amendements calciques et du pH. Ils couvrent leurs sols en permanence et bénéficient du retour de la biomasse des chaumes et racines. Côté matière organique, le taux se maintient pour le moment entre 3 et 6 % selon les parcelles en raison de l’historique d’épandage des effluents d’élevage.

Du point de vue du temps de travail, une étude comparative réalisée par la fédération des Cuma et la chambre d’agriculture de Bretagne estime à quarante minutes par hectare le temps nécessaire à la préparation du sol et au semis de maïs pour l’EARL de Saint-Doué. Soit un gain de temps significatif par rapport aux itinéraires labour et travail simplifié (voir le tableau ci-dessus). Côté coûts, Thierry Magré annonce une moyenne de 3,80 €/m3 de digestat épandu avec l’ETA, soit environ un euro de plus qu’un épandage autogéré. Le coût total du chantier reste toutefois très inférieur aux itinéraires avec labour ou même simplifié.
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