
Après le départ de plusieurs associés, le Gaec Normalys s’est orienté vers un système très herbager pour adapter la production à la main-d’œuvre disponible. La conduite du pâturage a été revue afin de maximiser la production de lait par les fourrages.
Le Gaec Normalys a compté jusqu’à sept associés produisant 1,6 Ml de lait sur 360 ha. Et puis, il s’est disloqué et l’une des associés, Chantal Bobon, s’est retrouvé avec un seul salarié, Olivier Balard, le bâtiment, le troupeau, la référence laitière et 169 ha. « J’ai réfléchi à la meilleure façon de valoriser l’outil en partant de ses atouts et de la main-d’œuvre disponible, raconte-t-elle. D’emblée, il m’est apparu que produire toute la référence ne pouvait plus constituer un objectif. »
Chantal Bobon a partagé ses interrogations avec un technicien de sa coopérative Eureden, Philippe Launay. Avec des vaches normandes adaptées au pâturage, un parcellaire groupé et une surface accessible de 45 ha, valoriser l’herbe pour produire un lait peu coûteux et limiter la charge de travail semblait la meilleure option. Certes, le troupeau pâturait déjà, mais Philippe Launay pensait qu’il était possible d’améliorer la conduite à l’herbe pour éviter de gaspiller et limiter les apports de concentré. Avant, les parcelles étaient grandes et le troupeau y passait plusieurs jours.
«Nous nous sommes penchés sur notre parcellaire avec l’idée de créer des paddocks pour un jour, soit de 1,5 à 2 ha», se souvient Chantal, qui cherchait un système simple. La réflexion a porté aussi sur l’aménagement de chemins adaptés à la taille du troupeau de façon à desservir toutes les parcelles. Ils ont été réalisés en bord de champs, là où la pousse est plus faible. L’accès à l’eau devait être possible partout. Et, surtout, il a été décidé de revenir à une conduite au fil avant. Ces évolutions sont intervenues en 2020.
Un système simple et productif
« On avance le fil tous les jours, du début de la saison à la mi-février jusqu’à l’été, quand la pousse s’arrête. On reprend à l’automne », explique l’éleveuse. Les vaches passent d’abord rapidement sur l’ensemble de la surface pour un déprimage. Le fil avant permet de les rationner pendant cette période de transition.
En pleine saison, chaque paddock offre un bol alimentaire à chaque vache. Ainsi, elles trient moins, elles rasent la pâture et consomment donc toute la tige. L’entrée s’effectue à une hauteur de 15 à 20 cm avec une herbe relativement courte donc, et très appétente. De plus, les vaches ne restent pas sur les surfaces consommées qui peuvent repousser plus vite. Changer de parcelle tous les jours réduit aussi les risques de mammites.
Limiter les refus et le gaspillage
Les éventuels refus sont fauchés pour nettoyer et favoriser la repousse. Mais la conduite au fil avant réduit considérablement les refus. En période de pousse importante, certains paddocks sont réservés à la fauche. «En intensifiant la conduite, on a réduit les besoins en surface pâturée de moitié au printemps», constate Chantal.
Par ailleurs, les vaches sortent après la traite, vers 17 h 30, pour revenir à la traite suivante, à 5 h 30. Elles restent à l’intérieur de 14 heures à 17 h 30 pour profiter du Dac avant la traite. La période de pâturage est donc plus longue la nuit que le jour, et les vaches mangent beaucoup la nuit. Cette conduite permet de valoriser plus facilement les zones peu ombragées. Les éleveurs jouent sur le choix des parcelles pour pallier l’hétérogénéité de la qualité de l’herbe et limiter les fluctuations de la production laitière. Si la parcelle de jour est de qualité moyenne, par exemple, les vaches pâturent un paddock plus fourni la nuit suivante.
Après avoir essayé des mélanges suisses, les éleveurs préfèrent le classique RGA-TB. « Les mélanges se révèlent appétents et vieillissent bien, mais ils ont tendance à monter très vite et sont donc plus difficiles à gérer.»
Tout le lisier sur les prairies
La totalité du lisier est réservée à la fertilisation des prairies. Il est épandu à raison de 25 m3/ha après le premier passage du troupeau. D’autres apports sont effectués plus tard, lorsque le temps est pluvieux. «Fertiliser des prairies de RGA-TB avec du lisier est intéressant car il s’agit d’un engrais complet. Le phosphore et le potassium favorisent le développement du trèfle. Et, bien sûr, cela réduit les besoins en engrais minéraux », précise Philippe Launay. L’élevage travaille avec une ETA qui fait preuve de beaucoup de souplesse. Elle répond très vite quand elle est sollicitée pour l’épandage.
Au printemps, la ration comprend 20 kg bruts d’ensilage de maïs, distribué en deux fois pour que les vaches ne partent pas pâturer la panse pleine. Ce fourrage sert à compenser les fluctuations de la qualité de l’herbe et à maintenir les taux. Il s’agit aussi de favoriser la fécondité. Les résultats sont au rendez-vous puisque le taux de réussite en première IA s’établit à 64 %. L’apport de concentré est supprimé au printemps. En moyenne, le coût alimentaire s’élève à 171 €/1 000 l avec 215 g de concentré par litre de lait.
Ce régime permet une production de 7 500 l/vache, ce qui satisfait les éleveurs. En effet, ils veulent conserver leur effectif car ils ont aussi besoin de beaucoup de veaux pour leur atelier d’engraissement Bretanin (veaux Label rouge).
Une charge de travail raisonnable
Les animaux se portent bien et les vaches vieillissent. Le taux de réforme se limite à 21 % et le taux de mortalité des veaux est à 6 %. Les éleveurs misent sur la prévention qui représente 73 € des 131 €/vache de frais vétérinaires globaux. Ceci inclut des bolus de minéraux pour les taries, les vermifuges pour les génisses, ou encore, les vaccins pour les veaux.
Sur le plan du travail, les éleveurs estiment qu’une fois que les paddocks sont constitués la charge est limitée. Olivier, qui s’est installé avec Chantal après avoir été salarié deux ans, se charge d’avancer le fil. « Cela prend peu de temps. J’évalue la consommation du jour pour décider de l’avancée », précise-t-il. Il s’occupe des semis de maïs, de la fenaison et de la fauche. Le reste des travaux des champs est délégué. Le chien de troupeau, très bien dressé, apporte une aide considérable pour sortir les vaches des logettes ou des champs et les conduire. Le système de production a trouvé un nouvel équilibre grâce à la maîtrise du pâturage, les éleveurs aussi.
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