Pour travailler en non-OGM, j’envisage de développer l’utilisation de graines de protéagineux pour complémenter la ration d’hiver de mes laitières. Cette dernière est constituée pour moitié d’ensilage de maïs et d’herbe. Est-ce judicieux ? Un éleveur haut-saônois
réponse de l’expertstrong
Au niveau nutritionnel, les graines de protéagineux ont des valeurs énergétiques proches de celles des céréales (1,03 UFL pour le pois, 1,08 pour le soja et la féverole, 1,13 pour le lupin) et des valeurs azotées intermédiaires (35 % de MAT pour le soja, 30 % pour le lupin, 27 % pour la féverole et 20 % pour le pois) entre une céréale et un tourteau. La protéine des graines de protéagineux crues est rapidement dégradée dans le rumen. Cela peut être un atout dans le cas d’une ration déficitaire en azote soluble : (PDIA - PDIE) / UFL < - 4. C’est notamment le cas des rations foin-regain.
Toaster les protéagineux avec des rations suffisamment pourvues en azote dégradable
En revanche, pour les rations contenant une forte proportion d’ensilage d’herbe ou de méteil (plus de 30 %), la part d’azote dégradable dans le rumen est généralement suffisante. L’intérêt de l’apport de graines de protéagineux peut alors être limité. C’est là que le toastage intervient : cette forme de protection des protéines permet d’augmenter les PDIA et de réduire la part d’azote soluble. Ce procédé est donc intéressant avec une ration non déficitaire en azote dégradable dans le rumen.
Gare à la teneur en matière grasse de la graine de soja
L’utilisation de protéagineux dans la ration des vaches laitières doit être bien réfléchie. Il faut notamment faire attention au taux de matières grasses élevé des graines de soja (21,3 %/kg de MS), que la graine soit crue ou toastée. L’apport de graines de soja en trop grande quantité dans la ration pourrait alors causer une dépréciation de la matière grasse (chute importante du TB), voire une diminution de l’ingestion pouvant pénaliser la production laitière et le TP. En pratique, on conseille de ne pas dépasser 5 % de matières grasses au total dans la ration. Dans tous les cas, se lancer dans la valorisation des protéagineux réclame d’effectuer une transition progressive d’au moins trois semaines afin de ne pas perturber le rumen. Ensuite, il faut suivre l’ingestion, les taux et les autres indicateurs disponibles pour garantir un bon équilibre de la ration. Il convient de définir le prix d’intérêt des protéagineux, achetés ou autoconsommés, pour évaluer le bénéfice économique de leur utilisation. Le prix d’intérêt correspond au prix pour lequel l’aliment acheté est rentable (coût de ration plus faible). Quel que soit le prix du tourteau, dans une ration foin-regain équilibrée pour 25 kg de lait, l’ajout de soja cru est rentable si son prix n’excède pas 280 €/t brute (système conventionnel) et 570 €/t brute (bio).
Pour ce qui est des systèmes ensilage maïs-herbe, avec une ration équilibrée pour 30 kg de lait, le prix d’intérêt de la graine toastée varie en fonction du prix du tourteau (voir tableau). Par exemple, lorsque le tourteau bio 50 % soja-50 % colza est à 700 €/t brute, la graine toastée est rentable si son prix n’excède pas 665 €/t brute.
2 kg de graines soja valent pour 2,5 kg de céréales-tourteaux
Plus le tourteau est cher, plus il est intéressant d’utiliser les protéagineux dans sa ration. En moyenne, l’ajout de 2 kg de graines de soja (toastées ou non) permet une économie de 1,5 kg de tourteau et 1 kg de céréale, tout en conservant un apport de protéines à travers l’utilisation d’un tourteau tanné. En parallèle, il ne faut pas négliger la qualité des fourrages présents (ration de base), qui conditionne la quantité nécessaire de tourteau à ajouter pour équilibrer la ration.
| Prix d’intérêt de la graine de soja toastée en fonction du prix du tourteau (€/t) | |||||||
| Système | Conventionnel | Bio | |||||
| Tourteaux soja-colza (50/50) | 300 | 350 | 400 | 450 | 600 | 700 | 800 |
| Graine de soja toastée | 325 | 360 | 395 | 433 | 590 | 665 | 735 |

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