« Cet hiver, je dois distribuer des céréales aux animaux pour compenser le déficit énergétique du maïs. Le traitement des grains avec une solution à base d’urée a-t-il un intérêt pour sécuriser la ration vis-à-vis du risque d’acidose ? »Un éleveur lorrain
Réponse de l’expertstrong
Je ne vois pas de réel intérêt à utiliser ce type de traitement car, globalement, les maïs ensilages récoltés cette année dans notre secteur ne sont pas acidogènes. Ils sont pauvres en amidon (analyses ULM : 20,5 % d’amidon, pour 0,90 UFL), avec un fort taux de cellulose (22,9 %) et de parois NDF (58 %). Cet apport de fibres finalement assez digestes suffit à sécuriser la ration des laitières lorsque l’on y ajoute l’équivalent de 2 à 3 kg de céréales nécessaires pour obtenir un rapport amidon + sucres/cellulose permettant de faire du lait et des taux.
Idéalement, on préférera compléter ces ensilages de maïs 2018, associés à des ensilages d’herbe correctement pourvus en azote, avec du maïs grain sec broyé. D’autant plus que le prix du maïs grain est tout à fait concurrentiel face au prix élevé des céréales à paille. Sinon, un mélange fermier contenant un tiers de blé et deux tiers d’orge, ce dernier ayant un amidon moins rapidement fermentescible et donc moins acidogène que celui du blé.
De la même manière, dans la ration des génisses, le manque d’ensilage d’herbe et de foin amène souvent à incorporer beaucoup de paille dans la ration et des céréales comme source d’énergie : avec 40 % de paille, il faut apporter 2 kg de céréales pour couvrir les besoins des génisses de plus d’un an.
L’urée alimentaire, une stratégie moins coûteuse
Mais ce type de ration très riche en cellulose brutene présente pas de risque d’acidose, même si les céréales ne sont pas traitées. Au quotidien, l’ajout d’un peu d’urée alimentaire classique dans la mélangeuse est une stratégie moins coûteuse et surtout moins gourmande en temps de travail. C’est le sentiment exprimé par une douzaine d’éleveurs meusiens qui ont conduit, en 2016-2017, un essai de traitement des céréales à la ferme avec Aliplus, un produit à base d’urée (76 %).
Dans des systèmes de polyculture-élevage et de grands troupeaux où la charge de travail est déjà élevée, il est apparu que consacrer une journée tous les six mois au chantier ne se justifiait pas. Le procédé consiste à mélanger les céréales préalablement aplaties avec Aliplus dans la mélangeuse (un sac de 22 kg/tonne de céréales) en y ajoutant un peu d’eau. Les extraits de plantes, d’oligo-éléments et de bactéries, par ailleurs contenus dans cette solution du commerce, sont chargés de fixer l’urée sur la céréale ou le maïs grain humide. Le mélange est ensuite stocké à plat à l’abri sous un bâtiment pendant quinze jours avant la distribution.
Techniquement, le résultat correspond aux attentes : un gain de 5 points de MAT (de 10,7 à 15,8) et une baisse de l’acidité du grain, dont le pH passe de 6,9 à 9. Stocké pendant six mois à 80 % de matière sèche, ce concentré fermier n’a pas présenté de problèmes de conservation. Nous avons noté une légère augmentation du TB dans les troupeaux où il était inférieur à 39, ainsi qu’une diminution du pH des bouses, comparé aux vaches nourries avec des céréales non traitées.
L’ensilage de maïs 2018 ne présente pas de risques d’acidose
Les résultats de l’essai vont bien dans le sens d’une sécurisation de la ration vis-à-vis du risque d’acidose ruminale permise par le traitement. Mais dans nos systèmes, cette sécurité se justifie en complément de fourrages acidogènes, ce qui n’est pas le cas cette année. Elle peut également se justifier dans des rations pour bovins à l’engrais intégrant une part élevée de céréales à amidon rapide comme le blé, ou pour sécuriser la conservation des céréales autoconsommées lorsque le taux d’humidité des grains à la moisson est un peu trop élevé. Dans ce cas, la céréale pourra être considérée comme un VL 17 ou un VL 18.
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