RETOUR EN GRÂCE DE L'ENSILAGE MAÏS EN PLAT UNIQUE

Maïs, paille, tourteau de colza, carbonate et sel : difficile de faire plus simple. La ration n'est pourtant pas carencée et n'a pas semblé acidogène.©THIERRY PASQUET
Maïs, paille, tourteau de colza, carbonate et sel : difficile de faire plus simple. La ration n'est pourtant pas carencée et n'a pas semblé acidogène.©THIERRY PASQUET (©)

Selon des essais de la station des Trinottières, multiplier les ingrédients pour sécuriser les rations ne serait pas indispensable pour avoir des vaches productives et en forme !

POUVONS-NOUS SIMPLIFIER LA RATION DES VACHES LAITIÈRES AVEC DE L'ENSILAGE maïs en plat unique ou, au contraire, doit-on impérativement proposer une ration plus variée et complexe ? C'est à cette question qu'a répondue une expérimentation menée entre août 2011 et juin 2014 par la station expérimentale des Trinottières (chambre d'agriculture du Maine-et-Loire), dont les résultats ont été présentés par l'Institut de l'élevage aux 3R (Rencontres-Recherches Ruminants) 2015. L'originalité du dispositif est qu'il ne s'est pas intéressé seulement à la performance laitière, mais aussi aux résultats de reproduction et de santé des vaches. La synthèse concerne trois années d'essais et compile 172 lactations.

D'un côté, une ration simple avec de l'ensilage maïs, un peu de paille, du tourteau de colza, du carbonate de calcium et du sel. De l'autre, une ration plus élaborée associant à l'ensilage de maïs, de l'enrubannage de luzerne, de la paille, du blé, des tourteaux de soja et de colza, et un complément minéral vitaminé (voir tableau). Ces deux rations ont été construites pour satisfaire tous les besoins des vaches laitières hautes productrices (9 500 kg/an) en ration complète, avec un contrôle individuel et quotidien de l'ingestion.

UN TAUX DE CELLULOSE INFÉRIEUR

Sur les deux lots, cet essai a mesuré l'ingestion individuelle, la production laitière, les taux et les poids vifs, et a également enregistré les événements de santé : mammites, métrites, boiteries, baisse d'appétit. Un dosage de la progestérone du lait a aussi permis de déterminer le profil de reprise de cyclicité des vaches.

Premier résultat : les vaches recevant la ration simplifiée ont une meilleure ingestion et produisent plus de lait et de matières utiles. Cet effet significatif sur le lait a été constaté en moyenne sur les trois années d'expérimentation.

La meilleure consommation du lot maïs en plat unique peut s'expliquer par un taux de cellulose inférieur, comparé à la ration intégrant de l'enrubannage de luzerne et davantage de paille. Cette différence d'ingestion semble être à l'origine de la variation de production laitière entre les deux lots. L'expérimentation ne montre pas de différence de poids vif, ni de note d'état corporel.

Mais l'écart sur le taux protéique (- 1,2 g/litre pour la ration complexe) marque un moindre apport d'énergie.

PAS D'ÉCART NOTABLE SUR LES PREMIÈRES IA

Côté reproduction, les deux rations n'ont pas engendré de décalage significatif, ni de différence de réussite à la première IA. Notons la performance faible dans les deux lots (36,3 % et 29,2 % en moyenne sur trois ans), fréquente chez les vaches prim'holsteins hautes productrices. Il n'y a pas non plus d'effet sur la reprise de cyclicité après le vêlage. On note toutefois un taux de réussite cumulée aux IA 1 + 2 plus élevé avec la ration simplifiée. Les observations sur la santé montrent que le lot recevant la ration simplifiée a été significativement moins touché par les mammites malgré une production plus élevée. Les taux cellulaires n'ont cependant pas été affectés. Les métrites et endométrites, qui causent des pertes économiques majeures en élevage laitier, sont aussi moins fréquentes avec une ration maïs en plat unique. Les pratiques et la surveillance des vêlages ont bien sûr été identiques dans les deux lots. Pour les autres troubles (boiteries, rétentions placentaires, perte d'appétit), les différences sont minimes et non significatives. Pour les mammites et les troubles post-partum, où l'écart est notable entre les deux lots, les auteurs de l'étude estiment qu'il est difficile de relier ce résultat uniquement à l'alimentation. En effet, l'état sanitaire initial des animaux n'a pas été pris en compte pour l'allotement, ce qui constitue une limite de l'étude.

DOMINIQUE GRÉMY

Plusieurs ingrédients dont de l'enrubannage de luzerne et des compléments minéraux et vitamines. Une ration qui fonctionne très bien et permet de bons niveaux de production. Mais l'effet sécurité n'a pas été marqué dans cet essai.

© JEAN FRANCOIS MARIN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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