
Au Gaec de Bathieuse, dans le Nord, l'association avoine-pois joue le rôle de tête de rotation dans le cadre du renouvellement des pâtures et fournit un concentré équilibré destiné à l'élevage des veaux.
LE FORT POUVOIR COUVRANT DE L'AVOINE est une caractéristique bien connue. Dans la rotation, elle participe à la maîtrise du salissement en étouffant les adventices. C'est donc une solution de choix en agriculture biologique. C'est aussi l'option retenue par Ghislain, Jean-François et Nadine Harlet, éleveurs bio à Dimont (Nord), pour renouveler les pâtures dont la flore est dégradée. Chaque année, ils retournent au printemps 8 ha d'herbe sur lesquels ils sèment une avoine associée à du pois fourrager. Une nouvelle prairie est semée au même moment dans ce couvert et sera exploitable par les laitières aussitôt après la récolte en ensilage du mélange avoine-pois. Les 40 ha de pâture autour des bâtiments seront ainsi renouvelés tous les cinq ans. « Il s'agit de mettre à disposition des animaux des prairies productives et de qualité, souligne Ghislain. Le mélange avoine-pois est davantage un sous-produit, il permet de maîtriser les populations de chardons ou de mourons et sécurise notre autonomie. Dans notre système, c'est le seul moyen d'intensifier la production à l'hectare. »
« LE POIS POUR NE PAS TROP ÉTOUFFER LA JEUNE PRAIRIE »
L'itinéraire du semis sous couvert est le suivant : un labour à 15-20 cm début avril, suivi d'un passage combiné vibro + herse rotative. « Le labour est indispensable pour maîtriser le salissement, rappelle Jean-François. Même si l'idéal est un labour d'hiver, suivi de faux semis au printemps » . Mi-avril, semis de 60 kg/ha d'avoine (Bellina) + 20 kg de pois (Picard) ; la parcelle est roulée avant et après le semis de la prairie réalisé au semoir à céréale. Jean-François sème un mélange prêt à l'emploi composé de 40 % de RGA, 10 % de fléole, 14 % de TH, 15 % de TV, 15 % de TB et 6 % de lotier. Il n'y a plus d'autre intervention avant l'ensilage d'avoine-pois fin juin, au stade pâteux du grain d'avoine. « Il ne faut pas attendre l'apparition des grains de pois. »
Le rendement varie de 5 à 7 tonnes de matière sèche. Après 24 heures de séchage au sol, le fourrage est ensilé dans deux silos couloirs étroits (5,50 m x 20 m), conçus pour respecter l'avancement nécessaire à une bonne conservation après ouverture. Car c'est un fourrage uniquement destiné aux génisses en hiver. Trois semaines après le chantier, les laitières font un premier passage rapide d'une journée dans la nouvelle pâture, puis un deuxième et un troisième après vingt-quatre jours de repousses. « Nous faisons un dernier passage avec les taries pour nettoyer la pâture avant l'hiver. D'autres parcelles sont simplement enrubannées fin août et avant l'hiver, avec des rendements de 2,5 t et 1,5 t de MS. » En hiver, les vaches sont conduites en deux lots : celui des vaches à moins de 100 jours de lactation a une ration complète composée de 50 % de maïs + 50 % d'ensilage d'herbe + 3 kg de soja. Après 100 jours et en dessous de 30 litres de lait, elles ont 20 % de maïs + 80 % d'ensilage d'herbe + 700 g de soja. Le troupeau holstein affiche ainsi une production de 6 860 litres/VL, à 38,8 de TB pour 30,5 de TP et un niveau de 7 000 litres/ha.
Chaque année, 8 ha d'avoine-pois (Bellina-Picard) sont également battus en grains, dans le cadre d'une rotation de quatre ans : maïs, avoine-pois, prairie temporaire de deux ans, maïs. Dans ce cas, la prairie est semée après la moisson, car le risque du semis sous couvert en zone humide serait qu'elle se développe trop dans le mélange céréalier. L'avoine-pois est semée en hiver après un labour. La dose est de 110 kg d'avoine/ha et 45 kg de pois (80 à 100 kg d'avoine + 35 kg de pois en semis de printemps), pour une proportion de 50-50 à la moisson.
« LE CONCENTRÉ POUR LES VEAUX, DE LA NAISSANCE À LA MISE À L'HERBE »
Au préalable, 35 t de fumier auront été épandues, ainsi que 400 kg/ha de Patenkali, soit 120 U de potasse pour la vigueur des légumineuses, et 125 kg de TMS, un produit riche en lithotamne de chez TMCE. La moisson a lieu vers le 10 août, avec des rendements de 40 à 45 q/ha. Les associés ont renoncé aux mélanges de type orge-triticale-avoine-pois-vesce, car ils vendent 15 t/an de céréales auprès d'un collecteur qui exige des associations binaires. À la ferme, le stock d'avoine-pois sera le concentré des veaux de la naissance jusqu'à la première mise à l'herbe. Les génisses seront ensuite élevées avec l'ensilage d'avoine-pois pour une insémination à 15 mois et 400 kg et un premier vêlage à 2 ans. Environ un tiers des génisses qui n'atteignent pas les 400 kg sont décalées en vêlage à 30 mois.
JÉRÔME PEZON
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