À l'EARL Caillol du Bourie, « Nous avons introduit un mélange fermier »

L'analyse de la ration a montré des déficits en énergie et en PDIE, avec un excès d'azote soluble, en début de lactation. © LYDIE LECARPENTIER
L'analyse de la ration a montré des déficits en énergie et en PDIE, avec un excès d'azote soluble, en début de lactation. © LYDIE LECARPENTIER (©)

FIN 2012, CHANTAL ET PASCAL CAILLOL NOUS CONTACTENT pour réaliser un suivi de troupeau. Leur préoccupation principale porte sur les résultats de reproduction. Ils traient une trentaine de prim'holsteins à plus de sept mois moyens de lactation. Les inséminations sont assez tardives avec un intervalle vêlage-IA1 de 120 jours en moyenne. Les vêlages s'étalent sur toute l'année avec un mois moyen de lactation occasionnellement inférieur à sept mois. De plus, le troupeau est en sous-production, à 19 kg de lait par vache. L'examen des documents d'élevage montre que la production moyenne dépasse rarement les 20 kg de lait. Concernant les taux cellulaires, l'élevage a passé cinq mois consécutifs à plus de 300 000 cellules par millilitre et cette situation inquiète Chantal et Pascal.

« NOS VACHES ÉTAIENT EN SOUS-PRODUCTION »

L'examen du troupeau nous montre une hétérogénéité des notes d'état des animaux. Les vaches éloignées du vêlage peuvent être trop grasses avec des notes d'état de 4 à 5. Au contraire, d'autres restent maigres. Les seuils d'alerte de boiteries sont dépassés malgré un recours occasionnel au parage. La ration est à base d'ensilage d'herbe et de maïs avec des ruptures de stocks de maïs, obligeant à acheter. Du pâturage est réalisé et plusieurs parcelles y sont consacrées, malgré une surface totale réduite. Les analyses AgriNIR™ montrent que l'ensilage d'herbe est relativement pauvre : 12 % de MAT et 27 % de MS. L'ensilage de maïs est de bonne qualité : 35 % de MS et 29 % d'amidon. L'intégralité du concentré est distribuée au dac, à raison de 3 kg de céréales (orge-blé) et 3 kg d'un correcteur azoté par vache et par jour. Un aliment à 2,5 kg est employé pour complémenter les hautes productrices. L'analyse de la ration nous montre des déficits en énergie et en PDIE avec un excès d'azote soluble, particulièrement en début de lactation.

LES MODIFICATIONS

- Le troupeau sera suivi mensuellement avec échographie pour améliorer ses performances de reproduction.

- Les parcelles de ray-grass et légumineuses seront ensilées précocement pour augmenter les stocks de fourrages de qualité. Une partie sera consacrée au maïs pour l'autonomie fourragère. Le pâturage sera fortement réduit afin de maintenir une ration stable, notamment en période de chaleur estivale.

- L'utilisation d'une mélangeuse est décidée. Ceci permettra d'incorporer des concentrés à l'auge et de remonter le niveau énergétique et protéique de la ration. Les apports de concentrés au dac seront réduits en parallèle.

- Le choix des concentrés est rationalisé en sélectionnant les produits offrant le meilleur rapport coût/valeur alimentaire. L'élevage s'oriente vers des matières premières achetées au sein d'un groupement d'achats d'éleveurs qui planifie les approvisionnements sur le long terme. Un mélange fermier est réalisé sur l'exploitation pour complémenter au dac les VL en début de lactation et hautes productrices. La programmation du dac, notamment en début de lactation, est modifiée.

- Un diagnostic de boiteries est réalisé mettant en évidence des lésions de Mortellaro. Un protocole de pulvérisation systématique est instauré.

- Un diagnostic de parasitisme est effectué montrant la présence de grande douve dans le troupeau. Un déparasitage systématique est préconisé.

- Une visite de traite dynamique est réalisée pour améliorer les comptages cellulaires. Séquence de traite et réglage des décrochages automatiques sont corrigés.

Ces mesures sont mises en place à partir de début 2013 et les performances s'améliorent progressivement. Début 2014, le troupeau est à 5,5 mois moyens de lactation et la trentaine de vaches traites produisent 33,5 kg de moyenne à 42,5 g/l de TB et 32,5 g/l de TP. Les amaigrissements en début de lactation sont maîtrisés. Les fourrages sont de bonne qualité avec des ensilages d'herbe allant de 15 à 18 % de MAT, et un ensilage de maïs à 34 % de MS et 32 % d'amidon. D'un point de vue économique, le coût alimentaire a augmenté d'environ 1,20 €/vache/jour par rapport à fin 2012. Cette hausse est compensée par la production supplémentaire, soit un gain d'environ 4,30 €/vache/jour pour un lait à 390 € en prix de base début 2014. De ce gain brut, il faut toutefois déduire les frais d'achat de la mélangeuse.

Côté reproduction, l'intervalle vêlage-vêlage est de 416 jours pour les vêlages de 2013. Il reste une marge de progression, car une vache sur deux prend au-delà de 120 jours après vêlage, au-dessus de l'optimum économique. La qualité du lait est bonne avec une moyenne de 230 000 cellules/ml sur l'année et un mois à 318 000. Même si la situation s'est améliorée, les possibilités d'évolution restent nombreuses. Le niveau génétique du troupeau doit être augmenté, les logettes doivent être mieux aménagées avec notamment la mise en place d'un arrêtoir et le pic de lactation peut encore progresser.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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