Les ensilages d’herbe manquent d’énergie

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Ration. La qualité des ensilages 2016 appelle à renforcer la complémentation énergétique dans les systèmes herbagers du Massif central. Dans ceux en maïs, l’économie attendue sur le tourteau est limitée.

Quelles valeurs alimentaires ?

La récolte d’herbe 2016 se caractérise par une pousse ralentie en sortie d’hiver, suivie d’une pluviométrie peu propice à l’organisation des chantiers d’ensilage. Compte tenu de ces conditions difficiles, les 466 analyses réalisées par l’EDE du Puy-de-Dôme révèlent des ensilages globalement faibles en énergie et aucune différence significative entre les prairies permanentes et temporaires : les premières, récoltées le 25 mai, ont une valeur de 12,3 % de MAT et 0,84 UFL ; les secondes, récoltées le 18 mai avec plus de 20 % de légumineuses, ont 12,3 % de MAT et 0,83 UFL. « Comme chaque année, les meilleurs ensilages d’herbe sont ceux qui ont été ramassés très tôt, autour d’une somme de températures de 650°C et qui ont reçu un premier apport d’azote précoce à 200°C », souligne Jean Zapatta, conseiller fourrages de l’EDE. Ainsi, le quart supérieur des meilleurs ensilages du département a une valeur moyenne de 30,2 % de MS, 13,4 % de MAT, 0,93 UFL (ou 0,85 UFL/UEL), 81 g de PDIN et 71 g de PDIE. En moyenne, il a été récolté le 17 mai (660°C) et a reçu 49 unités d’azote minéral le 30 mars (210°C).

« La densité de 0,85 UFL/UEL correspond à l’objectif à atteindre pour couvrir les besoins énergétiques d’une vache à 20 litres de lait », rappelle le conseiller. Le quart inférieur a, lui, été récolté en moyenne le 24 mai (680°C) après un apport de 49 UN le 29 mars (200°C). Il affiche une valeur de 26,4 % de MS, 11,1 % de MAT, 0,78 UFL (ou 0,69 UFL/UEL), 69 g de PDIN et 58 g de PDIE.

Plus au nord, les 120 analyses d’Orne Conseil Élevage ont une teneur moyenne en MS de 34,8 % un optimum en termes d’ingestion et de conservation, 28,6 % de cellulose, 12,4 % de MAT et 0,84 UFL (1,12 UEL). « Compte tenu de l’humidité, peu d’éleveurs ont su trouver le bon créneau pour mettre en œuvre une chaîne de récoltes. Les dates d’ensilage ont été décalées et la valeur des fourrages est à la baisse par rapport à l’an dernier, explique Olivier Raux, référent fourrages de l’organisme de conseil. En effet, un temps de ressuyage au sol de 24 h après passage de la faucheuse conditionneuse est insuffisant pour sécher le fourrage dès que la quantité d’herbe dépasse 2,5 à 3 t de MS/ha. C’est pourquoi, si l’ensilage est destiné aux laitières, il ne faut pas hésiter à faucher très tôt de petites quantités d’herbe, en réglant la barre de coupe à une hauteur de 6 à 7 cm pour accélérer le séchage. La pratique du fanage immédiatement après la fauche est une autre option pour accélérer le séchage. »

Les conseils de rationnement

Avec les meilleurs ensilages duPuy-de-Dôme, équilibrer une ration à 27 kg de lait, incorporant 11 kg de ce fourrage et 4 kg de regain (valeur moyenne 2016 : 0,75 UFL, 10,7 % de MAT), requiert un apport théorique de 2,2 kg de triticale et 2 kg de tourteau de soja. Avec le quart inférieur, il faudra prévoir deux fois plus de céréales, soit 4,75 kg et 1,8 kg de soja. Dans l’Orne, l’ensilage d’herbe devra compenser en partie le manque de stocks lié à la baisse des rendements en maïs ensilage (- 20 %). Mais il devra être complété par un aliment énergétique de type maïs grain, maïs épi ou pulpe de betterave. « En outre, l’économie attendue sur les tourteaux azotés sera limitée avec ces ensilages d’herbe entre 12 et 13 % de MAT. » Ainsi, équilibrer une ration à 25 kg de lait, comportant 50 % d’ensilage d’herbe 2016 et 50 % de maïs, requiert un apport de 2,6 kg de colza et 2 kg d’un aliment énergétique du commerce.

Les erreurs à éviter

En revanche, les teneurs en MS et en cellulose (supérieure à 25 %) apparaissent suffisantes pour faire ruminer les animaux sans ajout de paille, ni de foin à la ration. D’autant plus que le maïs 2016 très sec approche en moyenne les 37 % de MS. Dans ce cas, un apport supplémentaire de fourrage grossier aurait un impact négatif sur le niveau d’ingestion du troupeau et ne ferait que déconcentrer davantage la ration. Dans les systèmes d’alimentation ensilage d’herbe et regain, il faudra se montrer très vigilant sur le risque de subacidose avec les rations incorporant de fortes quantités de céréales, « surtout si la ration n’est pas mélangée, prévient Jean Zapatta. Pour limiter le risque, il faudra privilégier la recherche d’amidon lent de type maïs grain ou maïs épis. »

Jérôme Pezon
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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