Pour faciliter l’accueil de tous les enfants dans le respect des mesures barrières, la ville de Lyon a décidé de servir un menu unique sans viande dans les cantines jusqu’aux vacances de Pâques. Le choix d’un repas végétarien étant motivé par la volonté de servir un menu « qui corresponde à tous les goûts », selon la municipalité.
La décision divise les ministres
La décision a immédiatement suscité de fortes réactions au sein du gouvernement, ministre de l’agriculture en tête : « arrêtons de mettre de l’idéologie dans l’assiette », a twitté dimanche Julien Denormandie, qui précise avoir saisi le préfet du Rhône.
Arrêtons de mettre de l’idéologie dans l’assiette de nos enfants !
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) February 21, 2021
Donnons-leur simplement ce dont ils ont besoin pour bien grandir. La viande en fait partie.
J’ai saisi le Préfet du Rhône. https://t.co/Kiw0v5ZaNC
Même prise de position du côté du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui a déploré sur Twitter une « idéologie scandaleuse ».
En plus de l’insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français, on voit bien que la politique moraliste et élitiste des « Verts » exclut les classes populaires. De nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande... Idéologie scandaleuse. https://t.co/gFGf0JWZKn
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) February 20, 2021
Le débat paraît en revanche « préhistorique », pour la ministre de la transition écologique. En déplacement le 22 février dans une cantine scolaire de Saint-Denis d’Oléron, où des menus végétariens sont servis aux enfants, Barbara Pompili a regretté « des clichés éculés, du type "l’alimentation végétarienne serait une alimentation déséquilibrée", alors qu’on sait que la viande peut être remplacée par du poisson, des œufs, des légumineuses qui apportent toutes les protéines nécessaires ». La loi Climat, portée par la ministre, propose notamment un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires.
Le ministre de la santé, Olivier Véran, en déplacement le même jour à la CAF de Lyon, a de son côté reconnu qu’il faisait lui-même des repas végétariens à ses propres enfants et qu’il n’était « certainement pas scandalisé qu'on puisse proposer des repas sans viande ou sans poisson à l'école », estimant qu’il n’y avait pas « lieu à polémiquer ».
Décision idéologique, pour les syndicats agricoles
Sans surprise, plusieurs syndicats agricoles ont également dénoncé une idéologie imposée par la municipalité.
"Nos #agriculteurs dénoncent adj l'idéologie derrière la mesure de la @villedelyon qui est complétement déconnectée de la réalité du territoire lyonnais. Si c'est 1 question de bien-être animal, il est bien + productif de travailler ac les éleveurs plutôt que de les condamner" pic.twitter.com/Zw7wb2jDnj
— La FNSEA (@FNSEA) February 22, 2021
Pour la présidente de la FNSEA, invitée de l'émission, C à vous, « c’est un tour de passe-passe de la municipalité qui vit son idéologie de cette façon là ! »
La Coordination rurale a de son côté remercié le ministre pour ses propos.
Merci à @J_Denormandie !
— Coordination Rurale (@coordinationrur) February 22, 2021
En plus d’être élitiste et antisociale, cette mesure est dangereuse pour la santé de nos enfants. l'idéologie en matière d'alimentation, ça suffit ! https://t.co/pcHcwYSNYB
Dans un communiqué diffusé le 22 février, le Modef s'est quant à lui dit « scandalisé par cette décision », rappelant les bénéfices économiques, sociaux et territoriaux apportés par l'élevage, ainsi que la situation difficile des éleveurs français.
Pour Samuel Vandaele, président de Jeunes agriculteurs, la question à se poser est d'abord celle du local avant celle de la présence ou non de viande dans les repas.
« Aujourd’hui, la filière viande bovine est en crise ! En même temps, on continue d’importer une viande qui ne répond pas aux exigences des ???? ! Pour moi il faut d'abord se poser la question du local, plutôt que de se poser celle du viande/pas viande ! » @vandaele_sa sur @CNEWS pic.twitter.com/pesy4TIrNT
— Jeunes Agriculteurs (@JeunesAgri) February 22, 2021
Le député LREM Jérémy Decerle, ancien président de Jeunes agriculteurs, a lui aussi dénoncé la décision.
Pendant que les éleveurs peinent à valoriser leurs produits,pendant que la profession et l’Etat se battent pour booster les effets positifs des #egalim,la 3ème ville ????,sans doute carencée en idées,impose à ses enfants des menus sans viande.C’est extrême,c’est triste. pic.twitter.com/ebA8Q4BmNm
— Jérémy DECERLE (@JDecerle) February 22, 2021
Les agriculteurs dénoncent la décision
À Lyon, les éleveurs ont organisé une manifestation pour exprimer leur colère face à la décision de la mairie.
#Lyon : #agriculteurs, tracteurs, chevreaux et vaches devant la mairie pour dénoncer les #menussansviande -> https://t.co/6pwXa2qW25 #manifestation
— Lyon Mag (@lyonmag) February 22, 2021
Une manifestation soutenue par l'ancien maire LREM Gérard Collomb (qui avait pourtant pris la même décision en 2020...).
Pein soutien aux agriculteurs qui manifestent devant la mairie de #Lyon. C’est avec eux et non contre eux qu’ on développera les circuits courts. Vive l’alliance ville campagne!
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) February 22, 2021
En pleine semaine de communication sur l'agriculture, la polémique devrait continuer quelques jours sur les réseaux sociaux...
Les cantines scolaires sont aussi là pour éduquer le goût des enfants.
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) February 21, 2021
Exclure une catégorie d'aliments par conviction est contraire à cet enjeu important.
Il s'agit de nos gosses, de leur santé, alors ne leur imposez pas vos petits caprices !
Doit on comprendre que la tradition lyonnaise du bouchon va renoncer à sa renommée gastronomique parce que que le maire par idéologie veut imposer aux enfants des repas sans viande. L’apprentissage du palais passe par la dégustation de TOUS les produits dès le plus jeune âge.
— Arnaud Rousseau (@rousseautrocy) February 22, 2021