Paris, 18 juin 2015 (AFP) - Les producteurs de lait éprouvent de graves difficultés de trésorerie et sont « en danger immédiat » du fait de la chute des cours français et mondiaux, alerte jeudi leur fédération.
« Comme la plupart des producteurs en Europe, les exploitations françaises connaissent des difficultés de trésorerie extrêmement fortes : il nous a manqué 30 euros/1.000 litres par mois sur l'ensemble du premier semestre », a indiqué à l'Afp la vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (Fnpl) Marie-Thérèse Bonneau.
Plusieurs facteurs ont contribué à faire chuter les cours mondiaux du lait et particulièrement ceux de l'Europe, qui étaient pourtant orientés à la hausse en 2014, dont la fin des quotas en Europe, l'embargo russe sur l'agroalimentaire occidental décrété en août 2014 et une moindre demande chinoise, rappelle-t-elle.
Alors que la production mondiale de lait a augmenté l'an dernier de 2,5 % (+ 20 millions de tonnes selon les estimations de l'Institut de l'élevage, Idele) le lait destiné à la production fromagère pour le marché russe a été transformé en beurre et poudre, à un moment où la demande chinoise était moins forte, rappelle Marie-Thérèse Bonneau. Pour autant, nuance-t-elle, « le niveau de la demande chinoise reste au niveau de 2013 », « la production européenne n'a pas explosé à la suite de la fin des quotas » fin mars, même si elle avait progressé en 2014 pour profiter des bons prix payés aux producteurs. De plus, la Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de lait et premier fournisseur du marché chinois, connaît une sécheresse sévère qui va brider la production.
Pour Marie-Thérèse Bonneau, c'est surtout « l'effet ciseaux entre la baisse des cours et le maintien des charges » qui met les éleveurs français en danger. « Ils sont confrontés à des trésoreries exsangues sans voir se profiler une évolution des cours internationaux ».
La Fnpl a invité récemment la grande distribution et les industriels français à renégocier les prix d'achat du lait aux producteurs, ainsi que le prévoit la loi Hamon en cas de forte variation du cours des matières premières. « Ce qu'on appelle la clause de survie des éleveurs », rappelle la vice-présidente, qui souhaite « un signal prix ostensible dès le mois de juillet ».
Par ailleurs, la France, comme d'autres pays européens dont l'Allemagne, où la production a fortement augmenté, ont demandé au commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, d'envisager de nouveaux outils de gestion de crise, mais en vain pour le moment.
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